Gilles Tremblay est décédé

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La Société de Musique Contemporaine du Québec a annoncé le décès du compositeur canadien Gilles Tremblay à Montréal à l'âge de 85 ans.
Professeur au Conservatoire de musique de Montréal pendant plus de trente ans, il était aussi le père spirituel de plusieurs générations de compositeurs. 

Après des études auprès de Claude Champagne (1949-1954) au Conservatoire de musique de Montréal, Gilles Tremblay avait rejoint Paris pour travailler avec Yvonne Loriod (écriture et piano) et Olivier Messiaen (analyse). Fasciné par l’univers des oiseaux, Messiaen a beaucoup marqué Gilles Tremblay qui étudia aussi les ondes Martenot avec Maurice Martenot et approcha les techniques électroacoustiques avec Stockhausen.

De retour au Québec en 1961, il est rapidement reconnu pour ses cours d’analyse inspirés de ceux de Messiaen qu’il donne au Centre d’Arts Orford puis au Conservatoire de musique de Québec avant d’être nommé responsable de la classe d’analyse au Conservatoire de Montréal (1962) et des cours de composition (1967) et où il restera jusqu'à sa retraite en 1997. Il a ainsi formé plusieurs générations de compositeurs tels Claude Vivier, Michel Gonneville, Walter Boudreau, Yves Daoust, Isabelle Panneton, Serge Provost, Jean Lesage,...

Sa sonorisation du pavillon du Québec à l’Expo 67 lui vaudra le Prix Calixa-Lavallée en 1968.
Membre du conseil d’administration de la SMCQ (1968-1988), il en fut le président entre 1982 et 1988 et le directeur artistique de 1986 à 1988.
Gilles Tremblay laisse un corpus d’une quarantaine de partitions.

En préambule de l’année rétrospective que la Société de musique contemporaine consacra à son patriarche en 2009, Walter Boudreau -l'actuel directeur artistique de la SMCQ- le décrit en ces termes : Gilles Tremblay est un poète, un visionnaire, un explorateur. Voyageur infatigable aux pays virtuels de la création, son corpus musical témoigne d’une curiosité absolument remarquable qui nous transporte depuis Monteverdi jusqu’aux rythmes étourdissants des gamelans balinais ! Amoureux de tout ce qui vit et respire, amoureux des grands espaces, de l’eau, du feu, du ciel et de la terre, Gilles Tremblay nous propose pas moins que l’extase et le dépassement de soi devant autant de Beauté et d’Harmonie…
Un portrait complété par Marie-Thérèse Lefebvre, spécialiste de son oeuvre : Tremblay, mieux que tout autre, a su amalgamer dans un tout cohérent ces deux pôles : tradition et modernité. Tout en étant éminemment de son temps, le compositeur a toujours refusé d’être en rupture avec l’histoire du langage [...] L’oeuvre de Gilles Tremblay témoigne de sa quête de sens et de son association étroite à la dimension sacrée de l’oeuvre d’art. Même la nature est comprise par lui moins comme réflexion écologique que comme autre moyen de rejoindre le divin. En ce sens, la démarche de Tremblay rejoint jusqu’à un certain point celle d’un Jacques Maritain ou, peut-être plus encore, celle d’un Teilhard de Chardin dont la vision cosmique du monde apparaît comme une lente progression de la spiritualisation de la matière.

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