Le Brexit, et après ?

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Il n'y a pas que les industriels et les banques qui s'inquiètent de l'après-Brexit.
L'avenir des musiciens a été soulevé avec pertinence il y a quelques jours, devant la Chambre des Lords.

Aujourd'hui, nos musiciens voyagent librement ; les relations sont essentielles dans le monde créatif mondial. Après le Brexit, il n'y aura aucune garantie de libre circulation à travers l'Europe. En 2016, nos orchestres ont effectué 96 visites dans 26 pays différents de l'UE, selon l'Association of British Orchestras. Impossible à imaginer après le Brexit.

Le système de visa post-Brexit aboutira à une situation qui a été décrite graphiquement dans un article bien documenté par le compositeur Howard Goodall. Son travail l'emmène dans toute l'Europe en un jour au départ de Heathrow. Il lui faudra maintenant des semaines pour l'organiser, ce qui dissuadera un grand nombre d'habitants de ce pays d'aller en Europe pour des raisons de dépenses. L'inverse est également vrai. Les musiciens de l'UE jouent un rôle crucial dans la composition quotidienne des orchestres britanniques et sont souvent sollicités deux semaines à l'avance, ce que le nouveau système rendra impossible. Dans certains orchestres, entre 20 et 25 % des musiciens proviennent d'autres pays de l'UE. L'industrie musicale britannique compte environ 14 000 citoyens de l'UE. Compte tenu des restrictions qui seront mises en place, l'avenir de cette proportion semble sombre et les droits à l'importation devront être payés sur chaque instrument. Imaginez ça, avec le LSO dans un sens et le Philharmonique de Berlin dans l'autre.

Il ne s'agit pas seulement de grands orchestres et de chefs d'orchestre. Les orchestres de jazz scolaires et les orchestres de jeunes seront assujettis à des restrictions et à des frais. Les jeunes musiciens britanniques ne pourront plus participer à des programmes européens tels que l'Orchestre européen des jeunes, qui quitte le Royaume-Uni pour l'Italie grâce au Brexit. C'est une grande honte pour nous et pour eux. Horace Trubridge, du Syndicat des musiciens, a décrit comment les musiciens passent  régulièrement de l'Europe à la Grande-Bretagne et il a averti que si chaque musicien doit obtenir un visa et un passeport pour chaque pays qu'il visite, tout travail en Europe deviendra impossible à programmer... Nombreux sont ceux qui déménagent déjà en Europe parce qu'ils s'inquiètent pour leur futur travail.

Il ne s'agit pas seulement de musique classique. Peter Gabriel a exprimé son inquiétude après qu'un certain nombre d'artistes internationaux n'aient pas pu se produire au festival de musiques du monde Womad après avoir obtenu leur visa. Fondateur du Festival, Gabriel s'insurge : notre festival britannique rencontre désormais de réels problèmes pour faire venir des artistes dans ce pays...Beaucoup d'entre eux ne veulent plus venir au Royaume-Uni à cause des difficultés, des coûts, des retards de visas,...
Cette année, c'est la première fois que des artistes refusent les invitations à se produire à Womad......

 

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