Maurice Peress est décédé à 87 ans

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Le chef américain Maurice Peress, qui a travaillé en étroite collaboration avec Leonard Bernstein et Duke Ellington et que la double passion pour le jazz et la musique classique a poussé à la reconstitution de grands concerts du passé, est mort d'une leucémie chez lui, à Manhattan, ce 31 décembre. Il avait 87 ans.
Maurice Peress a passé 33 années à diriger l'orchestre des étudiants de l'école Aaron Copland du Queens College, où il avait installé lui-même une maîtrise en direction d'orchestre. Mais avant cela, il avait dirigé de grands orchestres, les Premières d'œuvres importantes de Bernstein -entre autres- et aidé Duke Ellington à orchestrer certaines de ses compositions.
Maurice Peress a aussi étudié les fondements historiques de la musique américaine, notamment dans son livre Dvorak to Duke Ellington: Un chef d'orchestre explore la musique américaine et ses racines afro-américaines publié en 2004.
A partir de 1892, Antonin Dvorak a passé trois ans aux Etats-Unis et encouragé le développement d'une tradition musicale américaine. Dans les mélodies nègres d'Amérique, a-t-il déclaré, je découvre tous les fondements d'une grande et noble école de la musique. Il n'avait pas échappé à M. Peress que Will Marion Cook et Rubin Goldmark, qui ont étudié avec Dvorak, sont devenus plus tard les professeurs d'Ellington, Copland et George Gershwin. Pour lui qui était en permanence à l'affût des points de rencontres entre le jazz américain et la tradition classique, il s'agissait d'un lien essentiel et il écrivait : Dvorak est le prophète et Ellington son accomplissement.
Maurice Peress, c'est un parcours étonnant.
Fils d'immigrants juifs, il est né en 1930 à Manhattan. Son père Henry était né à Bagdad dans une famille de commerçants et il aimait jouer du oud et chanter en arabe. Sa mère lui chantait des airs folkloriques yiddish et polonais.
Clairon chez les scouts, il avait bricolé "deux clairons en un" et jouait chez lui de cet instrument hybride jusqu'au jour où un voisin, lassé, lui a offert un instrument et donné des leçons.
En 1953, ses études à l'Université de New York terminées, il fut enrôlé dans l'armée (la guerre de Corée faisait rage) et c'est là, d'après ses enfants, au milieu des militaires et musiciens noirs, que sont nés son amour du jazz et son intérêt pour les influences afro-américaines dans la musique.
Devenu professeur à la NYU, il a continué à jouer et s'est mis à la direction à la Mannes School of Music. Je voulais être dans la musique, pas seulement une partie, a-t-il expliqué plus tard.
En 1961, il devenait assistant de Bernstein avec Seiji Ozawa et John Canarina et en mai '62, il dirigeait l'Orchestre Philharmonique de New York avec Ozawa dans Central Park in the Dark de Charles Ives.
Bernstein devint son mentor et, dix ans plus tard, dirigeait la Première de la Messe de Bernstein pour ouvrir le Kennedy Center à Washington.
Au fil des années, on l'a retrouvé à la tête de l'Orchestre symphonique d'Austin (1972-73) puis de l'Orchestre Philharmonique de Kansas City (1974-80). Il a dirigé l'Orchestre Philharmonique de Hong Kong en 1980, l'Opéra d'État de Vienne en 1981, l'Orchestre de l'Académie Nationale de Santa Cecilia (Rome) en 1988, l'Orchestre tchèque de Brno en 1997, le FOK Orkester du Festival du Printemps de Prague en 1988, l'Orchestre de la Radio et de la Télévision de Shanghai en 1996-97, l'Orchestre Symphonique de Melbourne en 1998 et le Barbican Centre Orchestra à Londres en 1999. Dans les années 2000, il a beaucoup voyagé en Chine : Shanghai Opera Orchestra, China National Symphony (Pékin) et le Shenzhen Symphony. De 2010 à 2014, il était directeur musical et chef du New Britain Symphony Orchestra à New Britain (Connecticut).
Ses trois enfants ont également investi des domaines artistiques : Lorca est directeur de théâtre, Paul est compositeur et batteur et Anika Paris est chanteuse et compositrice.

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