« Keckes Beserl »

par

Anton BRUCKNER (1824 - 1896)
Symphony No.1 in C minor « Vienna » version, 1891 - Edition Günter Brosche

LUCERNE FESTIVAL ORCHESTRA, dir.: Claudio ABBADO
Live au Concert Hall de KKL Luzern, les17 et 18 Août 2012
Livret trilingue : anglais, français et allemand par George Rudiger
2013-Accentus ACC 30274-50’08
L’Orchestre du Festival de Lucerne sous la direction de son chef fondateur, le Milanais Claudio Abbado, nous offre un nouvel opus consacré à la première symphonie du compositeur autrichien Anton Bruckner (1824-1896). Ce dernier, reconnu pour son insatisfaction perpétuelle et son perfectionnisme, est revenu maintes fois sur ses compositions antérieures, apportant des modifications plus ou moins importantes à ses œuvres et parfois même les repensant entièrement dans une nouvelle version. Ces remaniements systématiques posent à la postérité la question de l’autorité, de la valeur de chacune des versions. La solution est en fait plus l’apanage du goût esthétique personnel qu’autre chose. La première symphonie est représentative de cette manie pluri-versionnelle brucknérienne. La version initiale, composée à Linz (1865-1866), fut révisée en 1877 et en 1884 avant d’être complètement revue en une seconde version dite de « Vienne », laquelle fut préférée par Abbado pour le présent album. Ici, Bruckner pose les jalons de ce qui sera plus tard entendu comme étant la symphonie allemande moderne. Toutefois, lors de sa création sous la direction de l’auteur, cette symphonie n’obtint qu’une mince reconnaissance, peut-être dûe aux audaces formelles et harmoniques. Un peu moins de quatre mois après la création du 9 mai 1868 à Linz, Bruckner partait définitivement pour Vienne, marquant ainsi la seconde période tardive de sa vie du compositeur, celle des huit autres grandes symphonies.
La première symphonie de Bruckner, à l’instar des ses compositions orchestrales ultérieures, révèle une unité intérieure caractéristique, construction réfléchie en son ensemble dont les échos reflètent chacune des parties entre elles. De même, l’orchestre est envisagé en plusieurs groupes distincts, confrontant la masse orchestrale avec des ensembles plus restreints. Cette symphonie, que Bruckner surnommait avec humour « Keckes Beserl » (petite nana culottée), est, au contraire de son habituelle solennité, très animée, voire l’une des plus rapides du compositeur. Cette large variété de contrastes est très bien rendue par l’Orchestre du Festival de Lucerne. La prise de son a malheureusement tendance à ternir les sonorités des cuivres que nous aurions appréciés davantage avec toute leur brillance. En fait, l’impression générale est qu’une volonté de retouche ou d’égalisation des timbres a eu pour effet d’étouffer certaines harmonies, certaines couleurs qui seraient bienvenues à l’état brut.
Hubert Bolduc-Cloutier

Son 7 – Livret 7 – Répertoire 8 – Interprétation 8

 

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