Korngold : Miracle expressionniste

par

Erich Wolfgang KORNGOLD (1897-1957) : Das Wunder der Heliane.  Annemarie KREMER (soprano), Aris ARGIRIS (baryton), Ian STOREY (ténor), Katerina HEBELKOVA (alto), Frank van HOVE (basse), Nuttpaporn THAMMATHI (ténor), György HANCZAR (ténor), Chœur du Théâtre de Fribourg, Orchestre philharmonique de Fribourg, dir. : Fabrice BOLLON. DDD–2018–51’ 52’’, 60’ 24’’ et 49’ 21’’–Textes de présentation en allemand et anglais–Naxos 8.660410-12

Das Wunder der Heliane (Le Miracle d’Héliane) est le quatrième des cinq opéras d’Erich Wolfgang Korngold et, sans nul doute, son chef-d’œuvre. Composé en 1927 sur un livret de Hans Müller et inspiré d’une pièce du poète moderniste Hans Kalteneker, mort à l’âge de vingt-quatre ans, il comprend trois longs actes et narre une histoire assez curieuse où se mêlent dénonciation politique (celle du despotisme absolu), érotisme, sensualité et merveilleux, les personnages d’Heliane et de son amant (appelé l’Étranger) ressuscitant tous les deux à la fin du drame. Bien qu’on y décèle les influences conjuguées de Gustav Mahler (en particulier la Huitième symphonie), de Richard Strauss et d’Arnold Schoenberg, l’opéra est très original et constitue un superbe exemple de lyrisme expressionniste porté au paroxysme, ce que la plupart des autres opus d’Erich Wolfgang Korngold ne traduisent pas toujours, ou ne traduisent que par moments.

Dans le livre qu’il lui a consacré aux Éditions Papillon à Genève en 2008, Nicolas Derny en a, à juste titre, fait l’éloge en ces termes : « Das Wunder der Heliane est probablement l’œuvre la plus ambitieuse et la plus complexe de Korngold. L’orchestration est d’un incroyable raffinement et nécessite un chef aguerri pour la diriger. La complexité rythmique et la division de bon nombre de pupitres rendent cette partition difficilement lisible -les cordes prennent parfois plus de la moitié de la page tellement elles sont divisées ! »

Ce chef « aguerri », c’est, en l’occurrence, le Parisien Fabrice Bollon, qui a été formé au Mozarteum de Salzbourg après de Michael Gillen et Nikolaus Harnoncourt, et qui est à l’aise dans tous les registres musicaux. Grâce à lui, chaque détail sonore est à la fois maîtrisé et comme sublimé sans le moindre excès, ne serait-ce que dans le difficile équilibre entre les solistes et le chœur omniprésent de l’introduction jusqu'à l’avant-dernière scène. Une grande réussite.

Jean-Baptiste Baronian

 Son 10 – Livret 8 – Répertoire 10 – Interprétation 10

 

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