La musique de Philippe Chamouard

par

Philippe Chamouard (°1952)
Symphonie n°6 « La Montagne de l’âme » (2005) – Les Rêves de l’ombre, version pour orchestre (2012)
Orchestre Symphonique de Transylvanie, Alain Pâris, direction – Orchestre Symphonique du Conservatoire de Rouen, Claude Brendel, direction
2015-DDD-64’40-Textes de présentation en français, anglais et allemand-Triton TRI331197

Philippe Chamouard est un compositeur français assez peu connu du grand public et pourtant doté d’un parcours impressionnant : d’abord élève dans la classe de composition de Roger Boutry, il obtient un doctorat en musicologie à la Sorbonne pour son travail sur l’orchestration des symphonies de Gustav Mahler à qui il finit par consacrer un ouvrage en 1989. Son répertoire s’étend sur un peu plus de 20 ans et recouvre toutes les formations possibles, de l’orchestre symphonique, avec notamment huit symphonies, aux musiques de chambre, concertante, instrumentale… Pour le label Triton, il enregistre aux côtés de l’Orchestre Symphonique de Transylvanie la Symphonie n°6, une œuvre écrite en 2005 et inspirée par quatre états de l’âme de Saint Jean de la Croix (16ème siècle). Les Rêves de l’ombre, présentée ici sous sa forme symphonique, connaît déjà un enregistrement sous sa forme originale pour orchestre à cordes. L’œuvre se base sur une mélodie de trois notes variée tout au long de l’œuvre, et s’inspire de poèmes anciens chinois « Le premier des souhaits devrait être : Si j’étais un homme que ce soit un rêve » (You Hui’an). « J’ajouterai : si j’étais un rêve, je serais l’ombre de ce rêve » (You Huizhu). Sous la direction précise d’Alain Pâris, la Symphonie n°6 se dote d’un style musical inspiré et dénué de toute influences extérieures. Chamouard possède un talent évident pour l’orchestration et parvient à trouver des assemblages instrumentaux et techniques surprenants. Grâce des harmonies majoritairement tonales et des effets rythmiques et sonores captivants, l’œuvre de Chamouard est accessible à tous et demeure séduisante d’un bout à l’autre. Bien que non descriptive, la Symphonie n°6 offre de longues plages de méditation et de réflexion tandis que l’on imagine très rapidement une multitude de scènes et de paysages en tout genre. Très imaginative donc, l’œuvre associe des passages expressifs à des moments plus dissonants voire acides tout en gardant cette liberté d’écriture qui caractérise le compositeur. Claude Brendel dirige Les Rêves de l’ombre avec assurance et propose lui aussi un vrai travail sur l’imaginaire par la coloration de certaines notes et l’appuie des richesses l’harmoniques.
Voilà un répertoire qui mérite que l’on s’y intéresse davantage, d’une part par la beauté des œuvres et leur côté apaisant et insaisissable, et d’autre part par l’émergence d’un style personnel, propre à Chamouard, qui mérite largement sa place dans le répertoire.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 8 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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