La Nuit Transfigurée

par

« Perpetual Night ». 17th Century Ayres and Songs.  Johnson, Lawes, Coprario, Ramsey, Lanier, Banister, Webb, Hilton, Hart, Blow, Purcell, Jackson.  Lucile RICHARDOT, mezzo-soprano.  Ensemble Correspondances, dir. Sébastien DAUCÉ. 2018-72’14"-Textes de présentation en français et anglais-Harmonia Mundi HMM 902269.

Intelligente programmation que celle-ci qui, articulée autour du thème de la nuit, retrace une histoire de l’art vocal anglais de 1620 aux dernières décennies du XVIIe siècle. Sont ainsi mis à l’honneur les premiers récitatifs anglais, le « chant déclamatoire » créé par les compositeurs que regroupa autour de lui Henry Frederick Stuart, les grands airs de Mask et les semi-opéras de Purcell. Sébastien Daucé et son Ensemble Correspondances, dont c’est ici le neuvième enregistrement, s’étaient surtout intéressés jusqu’alors au répertoire français du Grand Siècle. Ils puisent ici dans les recueils de l’illustre éditeur londonien John Playford et les manuscrits des bibliothèques de Londres, Oxford et New York. Brillante idée, car il s’y trouve de petits bijoux ! Comme ce « Powerful Morpheus, let thy charms » de William Webb, dont le dernier vers donne son titre au disque; « Care-charming sleep » de Robert Johnson, qui inaugure ce dernier; ou encore « Amintas, that true hearted swain » de John Banister. Valeur sûre de l’Ensemble Correspondances depuis 2010, la mezzo-soprano Lucile Richardot, entourée épisodiquement de Caroline Weynants et Elodie Fonnard (sopranos), Davy Cornillot (ténor) et Nicolas Brooymans (basse), trouve ici véritablement chaussure à son pied. On la savait à l’aise dans un large répertoire, embrassant plus d’un demi-siècle (on l’entendit notamment dans Yvonne, Princesse de Bourgogne de notre compatriote Philippe Boesmans); elle est on ne peut plus convaincante dans les airs nocturnes que voici, où alternent nuits de rêves et de métamorphoses, nuits suaves et enchanteresses, nuits plaintives et ténébreuses. Drapés dans l’étoffe chaleureuse tissée par l’ensemble instrumental, son timbre chargé de mélancolie et sa tessiture exceptionnelle, flirtant avec celle d’un alto, y font des miracles. Le vibrato est parfaitement dosé et maîtrisé, les ornements tout en dentelles, la diction remarquable. Richardot et Daucé font la démonstration que l’émotion naît davantage de la sobriété et de la sincérité de l’expression que de l’emphase et de l’exubérance.

Son 10 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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