La riche palette de James MacMillan

par

James MacMILLAN (° 1959)
- Œuvres pour orchestre de chambre avec solistes
Linus ROTH (violon), Julius BERGER (violoncelle), Lars WOUTERS VAN DEN OUDEWEIJER (clarinette), Netherlands Radio Chamber Philharmonic, dir. : James MacMILLAN
DDD-2014-60’ 56’’-Texte de présentation en anglais-Challenge CC72638
- St. Luke Passion
Netherlands Radio Philharmonic Orchestra, Netherlands Radio Choir, National Youth Choir, Peter DICKE (orgue), dir. : Markus STENZ
DDD-2015-73’ 03’’-Texte de présentation en anglais-Challenge CC72671
James MacMillan n’est pas un compositeur compliqué : sa musique est franche, directe, accessible au plus grand nombre, toujours sincère. Et cela se remarque aussi bien dans ses œuvres de musique de chambre que dans celles qui réclament de grands effectifs, comme chaque mélomane pourra s’en rendre compte en écoutant les deux enregistrements que propose ici l’excellent label Challenge. Le premier réunit From Ayrshire, Tuireadh, Kiss on Wood et … as others see us… – quatre partitions écrites pour des formations de chambre avec solistes, mais assez différentes les unes des autres. Tuireeadh, un mot gaélique signifiant lamentation, est ainsi une longue pièce presque funèbre dans laquelle la clarinette donne à tout instant la curieuse impression de pousser des plaintes, d’exprimer une désolation terrible et irréparable. En revanche, … as others see us… a tout dune récréation musicale. Cette œuvre comprend six parties qui sont chacune un hommage à une personnalité britannique, dont le portrait se trouve à la National Portrait Gallery de Londres : Henry VIII, le poète John Wilmot, John Churchill, duc de Marlborough, lord Byron avec William Wordsworth, T. S. Eliot et la chimiste Dorothy Hodgkin. Toutes les six sont pleines de rythmes et de contrastes – des sortes de pots-pourris joliment orchestrés et qu’on croirait presque composés pour un grand orchestre symphonique.

Son  9  -  Livret  5  -  Répertoire  7  -  Interprétation  9

MacMillan2St. Luke Passion s’inscrit, elle, au sein du déjà vaste corpus des œuvres religieuses de James MacMillan, qui n’a jamais caché sa foi et son profond attachement au catholicisme, et qui, à l’instar de Francis Poulenc, est aussi à l’aise dans le sacré que dans le profane (et même dans le paillard). Il s’agit là, en fait, de sa seconde Passion, après son St. John Passion, dont l’accueil lors de sa création en 2007 a été des plus chaleureux. Elle se divise en quatre parties, un prélude et un postlude plutôt courts et deux partis centrales beaucoup plus longues. Bien que James MacMillan y multiplie les modes d’expression (du grégorien à la folk music), St. Luke Passion offre un bel équilibre et, du début à la fin (une fin crépusculaire), une belle unité de ton – un ton grave en général, recueilli, rasséréné, que viennent rompre à des intervalles irréguliers, comme des coups de tonnerre, de grands éclats orchestraux et le jeu appuyé de l’orgue, sous la baguette de l’éclectique chef allemand Markus Stenz (il a naguère dirigé Le Nain d’Alexander von Zemlinsky à La Monnaie). Un premier enregistrement mondial que les fans de James MacMillan (ils sont sans doute moins nombreux sur le continent qu’en Écosse, sa terre natale, où il est une vedette) se feront un vif plaisir de se procurer.
Jean-Baptiste Baronian 

Son  9  -  Livret  6  -  Répertoire  7  - Interprétation  9

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