La virtuosité impressionnante du Quatuor Oistrakh

par
Quatuor Oistrakh

Edvard GRIEG
(1843 - 1907)
Quatuor à cordes N°1 op.27
Felix MENDELSSOHN
(1809 - 1847)
Quatuor à cordes N°2 op.13
Niccolò PAGANINI
(1782 - 1840)
Caprice pour violon seul N°20 op.1
Quatuor David Oistrakh
2017 - DDD -64'37''-Textes de présentation en français, anglais, allemand et russe-Muso mu-021

Fondé en 2012, le Quatuor David Oistrakh rassemble quatre solistes russes de premier plan, lauréats de nombreux concours internationaux (le premier violon Andrey Baranov a remporté le concours Reine Elisabeth en 2012). Il s'attaque ici aux quatuors de Grieg et de Mendelssohn, après un premier CD consacré aux grands maîtres russes Tchaïkovski et Chostakovitch.
Le quatuor en sol mineur op. 27 de Grieg est le témoin d'une période de crise. En effet, alors même qu'isolé dans le cadre somptueux du fjord de Hardanger, il a toutes les conditions nécessaires pour composer, il doute de ses capacités à conquérir les grandes formes, et doit dans le même temps faire face à des difficultés au sein de son couple. Une panne d'inspiration de deux ans suivra d'ailleurs l'écriture du quatuor… Créé en 1878 à Cologne, ce qui sera son unique quatuor complet est fort apprécié du public mais boudé par la critique : Bernsdorf, critique allemand, le qualifie même d' ”absurde matière”. C'est pourtant une page vibrante d'émotion, qui dévoile un lyrisme sombre et des contrastes saisissants. Sa structure est cyclique, puisqu'on y retrouve le même thème descendant (issu d'une mélodie de l’opus 25) dans le premier mouvement, sous une forme ternaire dans le troisième mouvement, et fugué à un tempo beaucoup plus lent au début du finale. Les quatre musiciens russes sont dotés d’une belle homogénéité du son, nullement éprouvée par l’ampleur de l’écriture de Grieg (les doubles, triples et même quadruples cordes sont légion). Leur maîtrise rythmique est à couper le souffle, y compris dans les tempi les plus extrêmes, et soutient naturellement la danse très présente (halling norvégien, saltarello italien dans le finale…).
Je suis un peu moins convaincue par l’interprétation du quatuor opus 13 de Mendelssohn, hommage d’un jeune homme de 18 ans à Ludwig van Beethoven qui venait de décéder. Le vibrato est, selon moi, excessif, dans l’introduction lente du premier mouvement, ainsi que dans le deuxième. Mais ce n’est, dans l’ensemble, qu’un détail, qui n’éclipse pas les nombreuses qualités du quatuor Oistrakh : une sonorité très riche, une cohésion admirable, des mouvements rapides fougueux et débordant d’énergie,... Peut-être pourrait-on qualifier l’Intermezzo d’un peu trop terrestre, en comparaison avec, par exemple, le sublime intermezzo aérien du quatuor Ebène (Erato, 2013).
En guise de bis, nous écoutons un arrangement pour quatuor du Caprice n°20 pour violon seul de Paganini. Très bien réalisé, celui-ci nous prouve, une fois de plus, la virtuosité sans faille du quatuor Oistrakh. A suivre !
Aline Masset, reporter de l'IMEP

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