Le chantre des Orcades

par
Orcades

Peter MAXWELL DAVIES
(1934 - 2016)
An Orkney Wedding, with Sunrise
Sean Shibe (guitare), Scottish Chamber Orchestra, dir. : Ben GERNON
DDD–2016–59’–Texte de présentation en anglais–LINN CKD 534

Le présent CD réunit cinq œuvres de Peter Maxwell Davies, alors que la pochette n’en mentionne qu’une seule, An Orkney Wedding, with Sunrise (Un mariage orcadien, avec lever du soleil), sans doute parce qu’elle est une partition orchestrale extrêmement insolite. C’est, au vrai, un curieux mélange de musique atonale et de musiques populaires et folkloriques, celles des Orcades, au nord de l’Écosse – des musiques qui se chevauchent, s’enchâssent, s’opposent, se querellent et vont presque jusqu’à s’annihiler dans un grand foisonnement sonore, qui fait un peu penser à certaines trouvailles de Charles Ives.
Insolite, l’adjectif s’applique également à Hill Runes. Sous ce titre figurent cinq courtes pièces pour guitare, un instrument que la plupart des compositeurs contemporains dits classiques ont souvent négligé. Elles sont basées sur des textes énigmatiques du poète et romancier écossais George Mackay Brown (1921-1996) et donnent l’impression d’être suspendues dans le vide. La cinquième d’entre elles s’intitule d’ailleurs Dying Away Into Endless Silence (Mourir loin dans le silence sans fin). Par contre, une autre œuvre pour guitare de ce CD, Farewell to Stromness (Adieu à Stromness, une petite ville des Orcades), est toute vibrante et gracieuse, et pourrait presque avoir été écrite par Joaquin Rodrigo en personne, tant ses accents sont traditionnels.
On trouve en plus sur ce CD deux œuvres orchestrales pareillement inspirées des Orcades (l’archipel constitue, selon Pierre Gervasoni, « l’alpha et l’oméga «  de sa musique) : Concert Ouverture : Ebb of Winter (Reflux de l’hiver) et Last Door of Light (Dernière porte de lumière) – de fort beaux exemples de l’exceptionnel talent de Peter Maxwell Davies, dont la personnalité et les prises de positions ont souvent heurté les Britanniques. Mort d’une leucémie le 14 mars 2016, deux mois après Pierre Boulez et quelques jours à peine après Nikolaus Harnoncourt, il laisse derrière lui près de trois cent quarante opus. Y compris d’incontestables trésors.
Jean-Baptiste Baronian

Son 7 – Livret 6 – Répertoire 7 – Interprétation 8

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