"Cloclo" de Franz Lehár, 100 ans
Créée à Londres au nouveau Shaftesbury Theatre le 9 juin, 1925, l'opérette Cloclo, écrite par Franz Lehár en 1924, n'est pas l'un de ses titres les plus célèbres, et elle n'est pas restée au répertoire comme d'autres succès tels que Merry Widow, Graf von Luxemburg ou Land des Lächelns. Pourtant, deux nouvelles versions sont parues : l'une en allemand sur CD et l'autre en anglais sur DVD. Il s'agit dans les deux cas de productions du festival Lehár à Ischl et de l'Ohio Light Opera à Wooster. Toutes deux tentent de jeter un nouvel éclairage sur cette partition souvent oubliée qui a été créée au Wiener Bürgertheater. Lehár s'est associé à Béla Jenbach pour ce spectacle en trois actes, qui a basé son livret sur la pièce "Der Schrei nach dem Kind" d'Alexander Engel et Julius Horst.
Cloclo Moustache, une vedette de revue parisienne, qu'on suit à travers les hauts et les bas de ses relations amoureuses avec son bien-aimé, mais terriblement pauvre, Maxime de la Valle et le riche et nettement marié Severin Cornichon, le maire de Perpignan. Maxime, bien sûr, gagne à la fin, mais Severin est un bon bougre et, après avoir soutenu son petit ami dans ses démêlés avec la justice, et même rougi en silence lorsque sa propre femme, Melousine, croyant que Cloclo est la fille sauvage de Severin, a pris la jeune fille sous son aile, il reste à ses côtés lorsqu'elle devient une femme mariée.
La partition de Lehár, où des touches de danse moderne apparaissent désormais à côté des valses et des marches de base, et où le champagne est omniprésent au troisième acte, est la dernière dans laquelle il a utilisé son style gai d'avant-guerre (Die lustige Witwe) avant de passer au mode plus luxuriant, romantique et malheureux de ses œuvres ultérieures : c'est à l'héroïne qu'incombent la plupart des opportunités. Elle fait son entrée en clamant "Ich suche einen Mann", roucoule avec Maxime "Wenn eine schöne Frau besiehlt" et, après avoir dit à Severin "Geh schon nach Haus zu deiner Frau", se joint à lui pour danser sur les airs de la "Tonga Bay", dont elle insiste sur le fait qu'elle est "érotisch ... schick und modern".
Mais le moment le plus agréable est celui où Melousine, provincialement correcte, chante de manière topique son intention de se débarrasser de la respectabilité et de suivre les idées récemment popularisées dans le roman scandaleux "La Garçonne".
Entre-temps, Budapest avait connu une version hongroise (adaptée par Zsolt Harsanyi), rebaptisée Apukam !
Une production londonienne (adaptée par Douglas Furber, Harry Graham) a interpolé quatre chansons de Max Darewksi et une de Harry Rosenthal (toute la musique du troisième acte n'était pas de Lehár) et a donné 95 représentations aux théâtres Shaftesbury et Adelphi.
Ce qui semble avoir été une version cinématographique est apparu en 1935, avec Marta Eggerth dans le rôle-titre, sous le titre Die ganze Welt dreht sich um Liebe en Europe et When the World's in Love en Amérique.
Une autre opérette, portant le même titre, sur une partition de Ferdinand Pagin et un texte de Leo Stein et Alexander Landesberg, a été produite au Danzers Orpheum de Vienne le 23 décembre 1902.
Quelques décennies plus tard, une autre opérette encore, a été jouée à Paris (Eldorado, 3 septembre 1920).