Le Journal

"Bachianas Brasileiras n°7" de Villa-Lobos, 80 ans

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Les Bachianas Brasileiras (une traduction approximative pourrait être « des pièces brésiliennes inspirées de Bach ») sont une série de neuf suites du compositeur brésilien Heitor Villa-Lobos, écrites pour diverses combinaisons d'instruments et de voix entre 1930 et 1945. Elles représentent une fusion de la musique folklorique et populaire brésilienne d'une part et du style de Johann Sebastian Bach d'autre part, comme une tentative d'adapter librement un certain nombre de procédures harmoniques et contrapuntiques baroques à la musique brésilienne. La plupart des mouvements de chaque suite portent deux titres : l'un « bachien » (Preludio, Fuga, etc.), l'autre brésilien (Embolada, O canto da nossa terra, etc.).

Dans les Bachianas, Villa-Lobos utilise le contrepoint et la complexité harmonique typiques de la musique de Bach et les combine avec la qualité lyrique du chant lyrique et du chant brésilien. L'auditeur éprouve le charme du paysage brésilien ; l'énergie de la danse brésilienne ; la couleur, la dissonance et l'expression du modernisme brésilien du début du XXe siècle ; et l'originalité rafraîchissante du style de composition de Villa-Lobos.

Pancho Vladigerov, 125 ans

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Compositeur, pédagogue, et pianiste, le Bulgare Pantcho Kharalanov Vladiguerov est né le  à Zurich et mort le  à Sofia.

Pančo Vladigerov appartient à la seconde génération de compositeurs bulgares. Il fut parmi les membres fondateurs de la Société contemporaine de musique bulgare (1933), qui devint plus tard l'Union des compositeurs bulgares. Il fonda l'école bulgare de composition et de pédagogie musicale. Parmi ses étudiants se trouvent les meilleurs compositeurs bulgares de la génération suivante, en particulier le pianiste Alexis Weissenberg.

Vladiguerov est né en Suisse, mais il passe toute son enfance à Choumen. Il commence très tôt à jouer du piano et à composer. C'est à l'âge de 10 ans qu'il reçoit ses premiers cours de composition avec Dobri Khristov à Sofia.
Après la mort de son père en 1912, il part pour Berlin avec sa mère et son frère jumeau (le violoniste Ljuben Vladigerov), où il rejoint la Staatliche Akademische Hochschule für Musik et étudie la théorie musicale et la composition avec le professeur Paul Juon, ainsi que le piano avec Karl Heinrich Barth. En 1920, il est diplômé de l'Academie der Künste, ayant étudié la composition avec Friedrich Gernsheim et Georg Schumann. Il remporte à deux reprises le Prix Mendelssohn de l'Académie (en 1918 et 1920).
Il travaille ensuite pour le metteur en scène Max Reinhardt au Deutsches Theater à Berlin, à la fois comme compositeur et comme pianiste (de 1920 à 1932). Puis il retourne à Sofia où il est nommé d'abord lecteur, puis professeur (en 1940) de piano, musique de chambre, et composition à l'Académie nationale de musique qui sera renommée après sa mort Académie Vladigerov.

Il compose dans une multitude de genres différents : un opéra, un ballet, de la musique symphonique, cinq concertos pour piano, deux concertos pour violon, de la musique de chambre, 38 transcriptions de pièces instrumentales pour instruments et piano, cinquante arrangements pour concert de musiques populaires pour voix et piano/orchestre, vingt mélodies pour voix et piano, dix chorals avec piano/orchestre, de la musique de scène pour les pièces de théâtre du Deutsches Theater à Berlin, du Theater in der Josefstadt à Vienne, et du Théâtre National de Sofia.

L'œuvre de Pančo Vladigerov commence à être connue internationalement dans les années 1920, lorsque ses pièces sont publiées par l'Universal Edition à Vienne, puis enregistrées par la maison de disques allemande Deutsche Grammophon, puis enfin jouées dans toute l'Europe et les États-Unis. Il part alors en tournée dans la plupart des pays européens en tant que pianiste et compositeur, pour y jouer ses propres œuvres.
En 1969, il reçoit le Prix Herder. Une compétition internationale pour pianistes et violonistes à Choumen reçoit son nom. La maison de disques bulgare Balkanton édita quatre séries comportant sept disques chacune de ses interprétations et musiques symphoniques. Beaucoup de ses œuvres à l'image de la rhapsodie Vardar sont considérées comme des emblèmes de la musique bulgare.

Certains pianistes comme Marc-André Hamelin comptent ses œuvres pour piano dans leur répertoire. Il existe quelques enregistrements dont trois pièces interprétées par David Oistrakh (Archives historiques russes, musique de chambre, édité par Brilliant Classics, coffret de 10 CD, récompensé par un 10 de Répertoire).

Robert Morton, 345 ans

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Robert Morton (ou MourtonMoriton ; c.1430 – après le ) est un compositeur anglais du début de la Renaissance, principalement actif à la Cour de Bourgogne. Très appréciée à l'époque, il laisse uniquement de la musique vocale profane; seuls ses rondeaux à trois voix ont survécu.

Peu de choses peut être reconstruit avec certitude sur sa vie, sauf lorsque son activité l'amène à la Cour de Bourgogne. Il naît en Angleterre, mais aucun détail de sa vie ne sont connus. De 1457 à 1476, il est clerc ou chappellain au sein du chœur de la chapelle et, exceptionnellement, n'a jamais été promu à un poste plus élevé. En 1460, il est nommé prêtre, comme en témoigne le titre de Messire figurant dans les documents de la chapelle.

La longue période relativement paisible de la Cour sous le règne de Philippe le Bon s'achève avec la mort de celui-ci en 1467. Les activités musicales de la Cour sous son successeur, Charles le Téméraire, ont été gravement perturbées ; beaucoup de chanteurs et de compositeurs, dont Hayne van Ghizeghem, ont pris part à ses nombreuses et futiles campagnes militaires. Morton doit avoir plutôt bien connu Hayne, car une pièce anonyme survit qui décrit le chant virtuose et le jeu des deux chanteurs à Cambrai.

Les enregistrements du salaire de Morton prennent fin en 1476. On a longtemps supposé qu'il est mort alors ; toutefois, des données plus récentes des archives du Vatican montrent qu'il est vivant à la fin de 1479, lorsqu'il démissionne d'une paroisse néerlandaise.

Il y a une possibilité, jamais établie parfaitement, qu'il soit peut-être le même Robert Morton, Evêque de Worcester mort en 1497. Le poids de cette hypothèse repose sur la disparition totale de la documentation de l'Evêque entre 1456 et 1476, alors que Morton est actif à la Cour de Bourgogne et la présence du Cardinal John Morton, oncle du futur Evêque, en Bourgogne, exactement au moment où Robert disparaît des actes de paiement de son salaire.

Compte tenu de l'élimination quasi complète des manuscrits musicaux du XVe siècle en Angleterre, en grande partie du fait d'Henry VIII à la Dissolution des monastères dans les années 1530, il n'est pas surprenant que l'essentiel de la musique de Morton survive dans les sources en provenance du continent, et s'il n'a jamais été actif en tant que musicien dans sa terre natale, sa trace est perdue.

Huit pièces ont été conservées, des rondeaux. L'un des plus célèbres d'entre eux est la première apparition connue de l'air de L'Homme armé, utilisé par de nombreux compositeurs au début de la Renaissance en tant que cantus firmus pour la messe. Cette pièce, un quodlibet, est probablement datable de . Elle semble avoir été écrite comme cadeau de départ à destination d'un autre compositeur de la Cour, Simon le Breton.

Un autre de ses rondeaux, Le souvenir de vous me tue, a été extrêmement célèbre. Des copies de cette pièce ont été largement diffusées en Europe.

Toute la musique de Morton qui a survécu est en français. Sans surprise en raison de sa présence en Bourgogne. Mélodiquement, elle se révèle un peu plus simple que la musique de ses contemporains, tels Hayne ou Antoine Busnois.

Le théoricien de la musique et écrivain Johannes Tinctoris écrit avec flamme à pfropos de Morton, mentionnant qu'il était « célèbre. » Même si une grande partie de sa musique est aujourd'hui perdue -notamment sa musique sacrée- il semble avoir eu une influence sur d'autres compositeurs à la Cour des Ducs de Bourgogne. Plusieurs de ses compositions ont été utilisées comme matériau de base pour des messes ultérieures d'autres compositeurs, tel Josquin des Prés.

La succession de Dominique Meyer à La Scala

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Le conseil d'administration de la Scala a décidé lundi soir de remplacer la Sovrintendente Dominique Meyer par Fortunato Ortombina, ancien directeur de la Fenice de Venise.

Il ne s'agit en aucun cas de désavouer Dominique Meyer, mais il a 68 ans et tombe sous le coup de la nouvelle règle des 70 ans imposée par le gouvernement de Rome.

Ortombina, 63 ans, sera le premier Italien à diriger la Scala depuis 20 ans.

 

 

Aurel Dawidiuk, premier chef d'orchestre associé du Royal Concertgebouw Orchestra

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Le Royal Concertgebouw Orchestra annoncé la création d'un nouveau poste de chef d'orchestre associé, à pourvoir pour la première fois à partir de la saison 2024-25 pour une durée de deux saisons.

Aurel Dawidiuk collaborera à environ la moitié des programmes de concerts présentés au cours des saisons 2024-25 et 2025-26. Ses fonctions de chef d'orchestre associé seront variées, ce qui lui permettra de tisser des liens artistiques avec l'orchestre.
En plus d'assister les principaux chefs d'orchestre à Amsterdam et en tournée, il travaillera avec les musiciens de l'orchestre à la formation des ensembles et jouera un rôle dans le programme de développement des talents de l'orchestre.
Au cours de la seconde moitié de la saison 2025-26, Dawidiuk travaillera avec l'orchestre pendant une semaine et dirigera plusieurs concerts d'abonnement.

Né à Hanovre, Aurel Dawidiuk est un talent remarquable qui fait rapidement carrière en tant que chef d'orchestre, pianiste et organiste. Il a commencé ses études de direction d'orchestre en 2020 avec Johannes Schlaefli à l'Université des arts de Zurich, où il étudie actuellement avec Christoph-Mathias Mueller. Dawidiuk a été admis au Forum des chefs d'orchestre du Conseil allemand de la musique pour les jeunes chefs d'orchestre talentueux en 2021. Il a participé à des masterclasses avec Paavo Järvi, Jaap van Zweden, Joana Mallwitz et Pierre-André Valade, et a dirigé des ensembles tels que l'Orchestre Symphonique de Berne, l'Orchestre de Chambre de Bâle, l'Orchestre Symphonique de la ville de Thessalonique et l'Orchestre Philharmonique de Sofia.
En 2023, il a remporté le Prix Neeme Järvi au festival Menuhin de Gstaad ainsi que quatre prix au concours international Hans von Bülow de Meiningen, dont le 1er Prix dans la catégorie "direction d'orchestre à partir du piano" et le Prix du public.

Un "Ring" avorté à Erfurt

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Après L'or du Rhin, c'est fini : le théâtre d'Erfurt ne poursuivra pas L'anneau du Nibelung. En raison de la situation financière difficile actuelle, la maison ne poursuivra pas la tétralogie de Richard Wagner, ont annoncé lundi Malte Wasem et Christine Exel, directeurs provisoires du théâtre. De plus, la durée de leur mandat est limitée.

Après la révocation du directeur général Guy Montavon, les projets de saison prévus à long terme ont été bousculés.
La première de L'or du Rhin aura lieu comme prévu samedi de la semaine prochaine. Au lieu de la suite du Ring, c'est l'oratorio Elias de Mendelssohn qui sera présenté dans une version scénique la saison prochaine.

Débuts au Brésil et prise de rôle

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Elargissant son répertoire et après avoir débuté dans le rôle de Rodolfo dans La Bohème, le ténor Celso Albelo poursuivra sa carrière puccinienne en interprétant pour la première fois le personnage de Pinkerton dans Madama Butterfly. Ce sera le 15 mars prochain au Théâtre Municipal de São Paulo, au Brésil.

 

 

"Symphonie pour violoncelle op. 68" de Benjamin Britten, 60 ans

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La Symphonie pour violoncelle, ou Symphonie pour violoncelle et orchestre, op. 68, est une œuvre composée en 1963.
Elle est dédiée au violoncelliste Mstislav Rostropovich, qui en assura la création à Moscou sous la direction du compositeur, avec l'Orchestre Philharmonique de Moscou, le .

"Moïse et Aaron" d'Arnold Schoenberg, 70 ans

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Moses und Aron (en français, Moïse et Aaron) est un opéra en trois actes sur un livret en allemand tiré du livre biblique de l'Exode et créé en 1957 à Zurich. La musique du troisième acte n'a pas été achevée.

Moses und Aron est inspiré d'un livre paru en 1926, "Der biblische Weg" (« La Voie biblique »), écrit en réaction à l'antisémitisme croissant en Allemagne. Schönberg subit cet antisémitisme en 1921 à Mattsee, près de Salzbourg, dont il est chassé parce que considéré comme juif, malgré sa conversion au protestantisme en 1898. En 1933, il se reconvertit au judaïsme à la synagogue de la rue Copernic à Paris, avec comme témoin Marc Chagall. Schönberg pense tout d'abord tirer de l'ouvrage un oratorio avant de choisir la forme de l'opéra.

Composé entre 1930 et 1932, la partition est inachevée et seuls les deux premiers actes sur les trois prévus sont mis en musique. Il reste quelques traces et esquisses de la musique du troisième, qu'a laissé le compositeur, bien que le livret soit complet. L'inachèvement de l'ouvrage n'est pas explicable par la situation d'Arnold Schönberg puisqu'il continue de composer pendant encore vingt années et manifeste l'envie de l'achever.

L'opéra n'est créé qu'après la mort du compositeur, le 12 mars 1954 à Hambourg, sous la direction d'Hans Rosbaud, avec Hans Herbert Fiedler (Moïse) et Helmut Krebs (Aaron) dans une version de concert qui donne lieu à un enregistrement, et le 6 juin 1957 à Zurich en version scénique avec le même chef d'orchestre et Helmut Melchert (Aaron). L'accueil du public est alors enthousiaste.

L'opéra est monté en France en 2015 à l'Opéra de Paris sous la direction de Philippe Jordan et mis en scène par Romeo Castellucci.

La musique de l'ouvrage est écrite en empruntant la forme du dodécaphonisme, technique mise au point par le compositeur lui-même depuis 1923, donnant une importance égale aux douze notes de la gamme chromatique. Il s'agit de la première occurrence de l'utilisation du sérialisme dans un ouvrage de si grande ampleur. Pour la voix, le compositeur choisit de faire s'exprimer le personnage de Moïse par le Sprechgesang, une forme de chanté-parlé symbolisant son intériorité, tandis que Aaron est un ténor lyrique puissant, cristallisant sa valeur de héros extraverti. La voix de Dieu est représentée par un chœur de six solistes et un autre parlé, ainsi qu'un mixte qui joue le rôle du Buisson ardent.

L'opéra comprend un ballet, la danse devant le Veau d'or dans le deuxième acte.

Yehudi Menuhin, 25 ans

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Ce 12 mars, il y a 25 ans, le violoniste et chef d'orchestre de renommée mondiale Yehudi Menuhin est décédé.

Sa famille avait émigré de Russie aux Etats-Unis via la Palestine où Yehudi Menuhin est né le 22 avril 1916 à New York.
A l'âge de cinq ans, il reçoit ses premières leçons de violon de Siegmund Anker, puis de Louis Persinger, un élève d'Eugène Ysaÿe, et se produit en public dès l'âge de sept ans à San Francisco.
À partir de 1927, il se perfectionne à Paris auprès de Georges Enescu et fait ses débuts en 1929 avec l'Orchestre Philharmonique de Berlin sous la direction de Bruno Walter.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a donné plus de 500 concerts au profit des Alliés et de la Croix-Rouge et s'est engagé après la guerre pour l'entente et la réconciliation des peuples. Il a été l'un des premiers artistes de renommée internationale à se produire à nouveau en Allemagne.
Toute sa vie, il s'est engagé pour des causes humanitaires et a tenté d'enthousiasmer pour la musique des personnes de toutes les couches sociales.

En 1956, il fonde à Gstaad le "Menuhin Festival" et, en 1963, sa célèbre "Menuhin Music School" à Surrey, en Angleterre.

Après s'être rendu en Inde en 1952 à l'invitation de Jawaharlad Nehru, il s'est intéressé de près à la culture du sous-continent afin d'œuvrer là aussi à la compréhension et de jeter des ponts spirituels. Il a exploré les racines musicales communes lors de concerts avec Ravi Shankar.

Outre l'ensemble du répertoire de concert classique et romantique, Yehudi Menuhin a créé de nombreuses œuvres, dont beaucoup lui ont été dédiées par les compositeurs, notamment des œuvres de Belá Bartók, Ernest Bloch, William Walton, Frank Martin, Lennox Berkley ou Toru Takemitsu.
L'héritage artistique de Menuhin est documenté par une multitude d'enregistrements, dont la plupart sont parus chez EMI.
Il a exposé ses convictions et ses réflexions sur la musique dans plusieurs livres : en 1976, son livre autobiographique "Voyage inachevé", et en 1986, "L'art comme espoir pour l'humanité".

Yehudi Menuhin est décédé le 12 mars 1999 dans un hôpital berlinois.