Le Marchand de Venise de Reynaldo Hahn à Saint-Etienne

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... Une partition fascinante...
L’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne ouvre sa Biennale Massenet avec l’un des élèves du maître, Reynaldo Hahn, et son unique ouvrage dramatique, ‘Le Marchand de Venise’. Créée à l’Opéra de Paris, le 29 mars 1935, avec André Pernet, Fanny Heldy, Paul Cabanel et Martial Singher, l’œuvre se base sur la ‘comédie’ satirique de Shakespeare.Et le metteur en scène Arnaud Bernard (qui a conçu aussi les décors) ainsi que la costumière Carla Ricotti en relèvent l’ambiguïté : propos antisémite ou trame qui met en exergue l’antisémitisme ? Mais pourquoi faut-il, une fois de plus, dériver vers la shoah de notre époque avec kippa sur costume noir et écrans amovibles où défilent, sans relâche, clichés en noir et blanc des atrocités de la barbarie nazie ? En dépit de ce fatras vite lassant, la musique y trouve son compte grâce à la direction de Franck Villard qui, à la tête des Chœur Lyrique et Orchestre Symphonique Saint-Etienne Loire, est en mesure de susciter un intérêt constant pour une écriture qui a la volonté de ‘faire grand’ tout en cultivant l’élégance mélodique d’où découle le charme suranné de ‘Ciboulette’. Sur scène, le baryton-basse Pierre-Yves Pruvot à la stature d’un Shylock dévoré par le fanatisme vindicatif face à son adversaire, le marchand Antonio campé par Frédéric Goncalvès, baryton au grain sombre. Par la rondeur soyeuse de ses aigus, Gabrielle Philiponet dessine une Portia radieuse, courtisée par le fringant Bassanio du jeune ténor Guillaume Andrieux. Les deux couples constitués par Isabelle Druet (Nérissa) – François Rougier (Gratiano) et Magali Arnault-Stanczak (Jessica) – Lorenzo (Philippe Talbot) complètent admirablement la distribution d’un opéra dont on souhaite régulièrement le retour à l’affiche.
Paul-André Demierre
Siant-Etienne, Opéra-Théâtre, le 31 mai 2015

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