Le Quatuor Amadeus en majesté

par

JOKERWolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)
Quatuors à cordes n° 14 à 16, 18, 19 et 21 à 23-Quintettes à cordes n° 3 à 6, Quintette avec clarinette K. 581
Quatuor AMADEUS
1950-1957-ADD-5'32-Textes de présentation en anglais et allemand et français-Audite 21.427 (5 CD)

Depuis plusieurs année à présent, l'excellent label Audite explore de façon approfondie les archives de la radio de Berlin (appelée RIAS de 1946 à 1993). Au sein de cette entreprise, une série consacrée au quatuor Amadeus a été initiée l'année dernière. Après une quasi intégrale des Quatuors de Beethoven (seul le 10e manquait) ainsi qu'un coffret Schubert de deux disques qui rassemblait cinq quatuors dont les trois derniers, c'est aujourd'hui au tour de Mozart d'être à l'honneur. La totalité des enregistrements date des années ‘50 et les amateurs savent que c'est là qu'on trouve les meilleures réalisations de cet exceptionnel ensemble. Cette nouvelle parution nous le confirme une fois encore. La comparaison avec les gravures de studio contemporaines (pour Decca et Westminster, rééditées par DG et en Corée du sud) est passionnante et l'on serait bien en peine de dire lesquelles il faut privilégier. Ce qui semble sûr, en tout cas, c'est que l'on continuera à préférer ces premiers essais d'un ensemble alors en pleine possession de ses moyens à ceux qu'ils réaliseront plus tard pour DG, somptueux, souvent émouvants, mais peut-être moins spontanés. Ici, les lectures sont d'un classicisme pur, d'une beauté de ligne très rarement atteinte par d'autres formations. Sitôt écoutées, on se demande comment on a pu « vivre sans » devant tant de pertinence, une telle adéquation avec l'esprit des oeuvres et, finalement, tant de simplicité et de naturel. Tout semble si évident, transparent, magique. Le violon, alors très sûr, de Norbert Brainin vibre d'une émotion de tous les instants, ses compères, extrêmement attentifs, demeurent soudés comme rarement. Seuls les grands quatuors (ceux dédiés à Haydn, à l'exception du 4e, et les « prussiens ») sont présents. Le coffret est complété par les quatre derniers quintettes à cordes, tous fabuleux, dont un extraordinaire K. 515 et un K. 516 aux deux derniers mouvements inégalés, où nos quatre musiciens retrouvent leur compère de toujours, Cecil Aronowitz, ainsi que par un quintette avec clarinette franc, joyeux et plein de vie, où Heinrich Geuser tient sa partie avec son excellence coutumière. Dans les quintettes également, la comparaison avec leur version bien plus tardive est passionnante et il est très difficile de trancher tant nous nous trouvons ici sur les cimes et l'amateur voudra les uns et les autres. Le quatuor Amadeus a parfois quelque peu pâti de la concurrence d'ensembles considérés comme plus « prestigieux » tels que les Budapest, le Juilliard, les Wiener Konzerthaus, les Italiano, les Janacek et bien d'autres, et n'a jamais vraiment acquis ce qualificatif très indéterminé de « légendaire ». Ce merveilleux coffret nous apporte la preuve qu'il est urgent de réviser notre jugement. Un Joker tout aussi évident que ces interprétations intemporelles!
Bernard Postiau

Son 8 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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