Le Schumann chambriste de Thomas Zehetmair

par
Schumann Zehetmair

Robert Schumann
(1810 - 1856)
Concerto pour violon WoO 23 – Symphonie n°1 « Printemps » Op. 38 – Fantaisie pour violon et orchestre Op. 131
Orchestre de chambre de Paris, Thomas Zehetmair, violon et direction
2016-DDD-Textes de présentation en anglais et allemand-ECM New Series-ECM2396Encore un disque paru chez ECM qui fait mouche. A la tête de l’Orchestre de chambre de Paris, Thomas Zehetmair fait le pari d’assumer simultanément les fonctions de chef et de soliste. Pour cette parution consacrée à Robert Schumann, dont on notera immédiatement la densité du répertoire qui la caractérise, Zehetmair expose trois œuvres qui ne bénéficient pas toujours aujourd’hui de l’intérêt qu’elles méritent. Le Concerto pour violon et la Fantaisie Op. 131 sont le fruit d’une rencontre en 1853 entre le compositeur et le violoniste Joseph Joachim, ce dernier regrettant que le répertoire concertant pour violon ne bénéficie pas du même engouement que celui pour piano. Douze ans plus tôt, Schumann écrit en seulement quatre jours les quatre mouvements de la Symphonie n°1, dite « du Printemps ». Créée par Mendelssohn le 31 mars de la même année au Gewandhaus de Leipzig, elle obtint un accueil enthousiaste et chaleureux à une époque heureuse de la vie de Robert et Clara Schumann.
Deux périodes donc de la vie de Schumann que Thomas Zehetmair remet au goût du jour avec soin et attention. Mais ce qui surprendra de prime abord ici, c’est l’effectif réduit de l’Orchestre de chambre de Paris. Certes le tissu de cordes pourrait gagner en puissance et semble parfois un peu léger. Mais la qualité du travail, les recherches sonores et le dialogue naturel rendent l’exécution remarquable. Ce n’est pas un Schumann massif comme très souvent entendu qui nous est proposé, mais un Schumann chambriste dont la recherche de couleurs et l’architecture développée offrent une nouvelle vision et une approche inhabituelle. Dans les pages concertantes, le jeu sensible et raffiné de Thomas Zehetmair se fond dans la masse orchestrale que le chef parvient à galvaniser d’un bout à l’autre. Il y a ici, notamment par le choix juste des tempi est juste et une balance idéale, l’aboutissement d’une réflexion et un vrai travail de construction d’orchestre. La manière de tenir le discours tout en prêtant une attention à l’homogénéité, qui fait souvent défaut chez Schumann, et à l’émergence d’un orchestre de timbres, fait de ce disque un vibrant hommage au poète qu’est Schumann.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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