Le violoncelle chantant

par
Levionnois

Franz SCHUBERT 
(1797 - 1828)
Sonate « Arpeggione » en la mineur, D. 821
Felix MENDELSSOHN
(1809 - 1847)
Sonate n°2 pour violoncelle et piano en Ré Majeur op. 58
Richard STRAUSS
(1864 - 1949)
Sonate pour violoncelle et piano
Yan Levionnois (violoncelle), Guillaume Bellom (piano)
2018-DDD-76’31-Livret de présentation en français et anglais-Fondamenta 0889854 412128

Yan Levionnois, finaliste l’an dernier lors du premier Concours Reine Elisabeth consacré au violoncelle, et Guillaume Bellom, finaliste au Concours Clara Haskil 2015, nous propose un programme de récital romantique, mettant à l’honneur les sonates de Schubert, Mendelssohn et Strauss. Comme on pourrait s’y attendre de jeunes artistes de ce calibre, primés de toutes parts, on se délecte des interprétations de ces chefs-d’œuvres.
La sonate dite « Arpeggione » en la mineur de Schubert n’est plus à présenter – c’est n’est pas hasard qu’elle soit devenue un des passages obligés dans la carrière de chaque violoncelliste. Ses demandes techniques et stylistiques sont maitrisées haut la main par le duo, et leur lecture sobre et épurée de l’œuvre laisse paraître, en toute confiance, tout le raffinement de l’écriture de Schubert. À l’inverse de certains qui se croient dans un air de bel-canto, Levionnois (amateur de poésie lui-même) fait chanter son violoncelle comme dans un lied.
Suit la 2ème Sonate en ré majeur de Felix Mendelssohn, dédiée au Conte russe Mateusz Wielhorski, lui aussi violoncelliste amateur. Dans cette sonate fortement prisée, on retrouve la quasi totalité des pans musicaux de Mendelssohn. Il est difficile de ne pas entendre ses pages « Italiennes » lorsqu’on est face à la luminosité du premier mouvement, tandis que l’univers magique et mystérieux du deuxième mouvement Allegro Scherzando rappelle légèrement Le Songe d’une nuit d’été. Le centre émotionnel de la Sonate, le sublime troisième mouvement, s’inspire clairement des récitatifs des deux Passions de Bach. Cette veine néo-bachienne avant l’heure s’enchaîne abruptement avec la virtuosité et le dramatisme débordant du dernier mouvement. Ici, le piano est tout autant soliste que le violoncelle, et Guillaume Bellom s’affranchit des difficultés du texte sans aucune difficulté. Comme dans la sonate de Schubert, la pureté de l’interprétation des deux jeunes musiciens est largement appréciée, et la joie de vivre mendelssohnienne se manifeste clairement. Cependant, le 3ème mouvement Adagio nous laisse sur notre faim – un peu plus de fantaisie, d’intensité et d’imagination n’aurait pas déplu (voir le superbe enregistrement de Mischa Maisky avec Sergio Tiempo chez DG).
Dernière au programme, la sonate de Strauss fut écrite en 1883 lorsque le compositeur n’avait que 19 ans. Elle prend des dimensions non pas chambristes mais symphoniques – l’héroïsme majestueux de la partition rappelle la gloire et les élans de ses premiers poèmes symphoniques (en particulier Macbeth, écrit peu après cette sonate). Si on perd l’attention à la fin du 2ème mouvement Andante ma non troppo, c’est nullement dû aux musiciens, mais plutôt à cette page de jeunesse qui s’éternise avec la décadence caractéristique de la fin du romantisme.
D’un point de vue purement esthétique, le livret est élégant et offre une panoplie de belles photos en noir et blanc des deux artistes. De plus, le label propose, pour le même prix, à la fois un CD « Fidelity » (destiné aux systèmes audio haute-fidélité) et un CD « Mobility » (adapté aux écoutes sur téléphone, ordinateur, en voiture…). Preuve que les labels ont toujours quelque chose à proposer de différent du streaming musical en ligne !
Pierre Fontenelle, Reporter de l’IMEP

 

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