Les 80 ans de Krzysztof Penderecki -1

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Krzysztof Penderecki remercie les solistes de "Kaddish":
Olga Pasiecznik, à sa gauche le Cantor Alberto Mizrahi.
Derrière Penderecki, le récitant, Daniel Olbrychski

Vendredi soir, avant-dernière soirée avant le concert de gala qui clôturera la "semaine Penderecki", à l'opéra cette fois. Revenons donc à la Philharmonie où était proposé un concert réunissant les "deux manières" de Penderecki et les genres instrumentaux et religieux. On sait que le concerto n'était pas prisé par les compositeurs de l'avant-garde que ne tardait pas à renier le musicien polonais. Trop de romantisme dans le concerto? Penderecki lança le défi dès les années '70 et jusqu'il y a peu en composant une série de concertos avec grand orchestre: un pour piano (2002/2007), deux pour violon (1977/1987 – 1992/1995), un pour alto (1983) existant également dans des versions pour clarinette, violoncelle et orchestre de chambre), deux pour violoncelle (1972 et 1982) et un pour cor (2009). C'est ce dernier et le 2e Concerto pour violon que nous écoutions ce soir. Le concerto pour cor nous fait rencontrer un cor ludique, semblant se jouer de ses timbres tout à fait à l'aise, renouant avec le classicisme jusqu'à des cadences parfaites et des rythmes dynamiques en de simples mesures en trois temps. De quoi toutefois requérir un corniste habile tel que Radovan Vlatkovic. Cette fois, c'était l'orchestre symphonique de la radio de Katowice qui assurait la soirée sous la baguette assurée de Leonard Slatkin qui, avant de passer la main à Gabriel Chmura, avait ouvert la soirée avec De Natura Sonoris II (1971), deuxième volet du tryptique du même nom dont nous avions pu écouter le troisième volet mercredi. Une oeuvre de recherche jouant sur le bruitage, le babillement, l'alchimie sonore. Le 1er Concerto pour violon (1977) ne ménage pas le soliste, notamment dans ses deux cadences très virtuoses et la puissance requise de sonorité pour passer la masse orchestrale. Des exigences que ne rencontrèrent pas totalement le violoniste Konstanty Andrzej Kulka. L'oeuvre-clé de la soirée fut sans conteste Kaddish, signe du retour du compositeur aux sources de la chrétienté puisque celui-ci, pièce centrale de la liturgie juive, a influencé plusieurs prières chrétiennes. Quatre textes pour glorifier le nom divin où sont évoqués le cours de la vie et la mort : un texte de Abraham Cytryn (confié à la soprano Olga Pasiecznik dont l'ampleur de la tessiture et la force expressive sont impressionnantes); un texte extrait des "Lamentations de Jérémie" (le récitant Daniel Olbrychski), un texte extrait du "Livre de Daniel" (le choeur d'hommes de l'opéra) et le Kaddish sans doute le plus connu, celui des endeuillés qui, paradoxalement, ne comporte aucune allusion aux morts ni à leur résurrection (le chantre Alberto Mizrahi dont la projection de la psalmodie prend à la gorge). La foi qui a fait de Krzysztof Penderecki un chantre de la paix et de la résistance porte décidément ses oeuvres les plus fortes.
La soirée était rehaussée de la présence de nombreuses personnalités dont le Président de la République, Monsieur Bronislaw Komorowski et Madame, et Monsieur Rüdiger Freiherr von Fritsch, Ambassadeur de la République d'Allemagne, Patron d'Honneur du concert et Madame.
Bernadette Beyne
Varsovie, le 22 novembre 2013

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Le corniste Radovan Vlatkovic, l'Orchestre Symphonique de la Radio de Cracovie dirigé par Leonard Slatkin © Bruno Fidrych

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