Les 80 ans de Krzysztof Penderecki -6

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Avec Barry Douglas, Maja Bogdanovic, une découverte © Bruno Fidrych

Aéroport de Varsovie, dimanche 17 novembre 2013. Aucun doute: nous sommes à l'heure Penderecki. De grands tableaux lumineux, de grandes affiches que l'on rencontrera tout au long de la route menant à l'hôtel. On croise des artistes, des journalistes venus de partout, les hôtels se remplissent... Durant une semaine, le monde musical réuni ici va célébrer l'anniversaire d'un des grands compositeurs d'aujourd'hui, un des plus joués avec Chostakovitch.
Le concert d'ouverture avait lieu à 18 heures dans la salle du Château érigé au 12e siècle et pendant longtemps la résidence des rois de Pologne. Un concert de musique de chambre, jardin intime du compositeur, genre auquel il souhaite se donner davantage, en plus de la poursuite de sa 6e symphonie et d'une Passion selon St. Jean... Des projets plein le coeur.
"L'art véritable doit être un voyage, une recherche constante" dit le compositeur. Aussi est-il intéressant d'entendre dans un même concert des oeuvres de différentes époques. La soirée s'ouvrait avec Trois miniatures pour clarinette et piano, trois courtes pièces comme l'indique le nom, dont la troisième ne manque pas d'humour. D'emblée on passe à une oeuvre toute récente puisqu'il s'agit d'un Quintette pour quatuor à cordes et contrebasse composé en 2012, avec le Quatuor Dafo, un ensemble constitué de jeunes dames auxquelles se joint le contrebassiste Jurek Dybal.

Le Quatuor Dafo et le contrebassiste Jurek Dybal © Bruno Fidrych
Le Quatuor Dafo et le contrebassiste Jurek Dybal © Bruno Fidrych

Une oeuvre débutant sur un sombre adagio suivi d'un allegro ma non troppo aux rythmes très affirmés jouant sur de petits intervalles, avec des accents de musique juive -réminiscences de la naissance du compositeur à Debica qui comptait une église et cinq synagogues- un jeu toujours au coeur des cordes avec des climax, du lyrisme, de la couleur, de l'exaspération. Une oeuvre forte. Autre oeuvre du jour, créée au Festival de Prades mais dont c'était la Première en Pologne: la Suite pour violoncelle seul joué par Danjulo Ishizaka, disciple germano-japonais de Boris Pergamenschikov. Une oeuvre virtuose exploitant les multiples possibilités de l'instrument pour autant de résultats sonores. Et pour terminer ce concert d'ouverture, un sextuor pour clarinette, cor, trio à cordes et piano (2000). On imagine l'alchimie sonore modelée par le compositeur dans cette variété de timbres, jusqu'à tester le cor détaché un moment de l'ensemble.

Le compositeur remercie les interprêtes du Sextuor © Bruno Fidrych
Le compositeur remercie les interprêtes du Sextuor © Bruno Fidrych

Deux mouvements enchaînés où se mêlent l'humour, la réjouissance populaire, des accents felliniens, une tonique débandade apparente dont le lyrisme n'est pas absent. Pour défendre l'oeuvre, une belle brochette d'artistes: Michel Lethiec, André Cazalet, Julian Rachlin, Yuri Bashmet, Maja Bogdanovic (magnifique découverte) et Barry Douglas.
Bernadette Beyne
Varsovie, le 17 novembre 2013

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