Les deux ouvrages lyriques de Ravel magnifiés par Charles Dutoit

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Charles Dutoit © ICMA Martin Hoffmeister

Après le succès incontesté des Troyens au Grand-Théâtre, Charles Dutoit présente en concert, au Victoria Hall et au Palais de Beaulieu à Lausanne (29 octobre), L’Heure espagnole et L’Enfant et les Sortilèges.

Et le résultat est tout aussi exceptionnel, car dans la trame instrumentale élaborée par l’Orchestre de la Suisse Romande, en forme éblouissante lorsqu’il a affaire à un véritable chef d’orchestre, n’a-t-on jamais perçu autant de détails émanant d’une écriture absolument géniale. Le Chœur du Grand-Théâtre (dirigé par Alan Woodbridge) et la Maîtrise du Conservatoire Populaire (préparée par Magali Dami et Serge Ilg) confèrent à l’ensemble une touche nostalgique fascinante.
Quant aux solistes, il faut relever que, dans une salle peu favorable à la voix comme le Victoria Hall, la prononciation du français est incompréhensible ! A extirper de ce ‘no man’s land’ le ténor Julien Behr au timbre clair, magnifique Gonzalve, le cocasse François Piolino, Torquemada savoureux puis Théière, Arithmétique et Rainette, ainsi que le non moins jovial David Wilson Johnson (Don Inigo / le Fauteuil et le Chat). Par contre Daniela Mack (Concepcion /la Chatte et l’Ecureuil) et Elliot Madore (Ramiro/ l’Horloge comtoise et l’Arbre) exhibent un chant pavé de bonnes intentions mais qui bute sur la diction. Dans L’Enfant et les Sortilèges, Kathleen Kim (le Feu, la Princesse, la Pastourelle et le Rossignol) affiche une coloratura et des aigus qui ont une certaine consistance, alors que Khatouna Gadelia prête à l’Enfant un grain plutôt corsé. Hanna Hipp joue des inflexions sombres du timbre pour personnifier la Maman, la Tasse chinoise, la Libellule et un Pâtre, quand Julie Pasturaud use du même coloris pour prêter vie à la Bergère, à la Chauve-souris et à la Chouette.
Paul-André Demierre
Genève, Victoria Hall, le 28 octobre 2015

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