Les Musiciens et la Grande Guerre (10)

par
Grande Guerre XX

Volume XX - Violon Bidon !
Chansons et instruments de tranchées
Claude Ribouillault et sa bande - collectif de 8 musiciens et chanteurs
2017-72' 31''-Textes de présentation en français - chanté en français, allemand et anglais-Hortus 720

L'étrange parution que voilà ! Au milieu de l'enfer des tranchées, des soldats ont trouvé le courage d'écrire - de griffonner, plutôt - des petites chansons qui reflétaient leur quotidien. Musicalement, cela tient de la chansonnette, mais les textes prennent souvent à la gorge. Ils sont interprétés par différents solistes, dont il faut admirer l'articulation, et accompagnés par un ensemble hétéroclite d'instruments : concertina, accordéon, violons, mandolines, guimbarde, flageolets, cornemuses... Après un instant de saisissement, on est pris, et suivre ces 22 morceaux (pas nécessairement à la suite l'un des autres) se transforme en une aventure passionnante, émouvante même. Le programme du CD comprend quatre parties : les Débuts de la Guerre, le Front -seconde ligne, Camps de prisonniers, et Le Front d'Orient. Cinq pièces sont purement instrumentales. La musique s'inspire parfois de mélodies populaires, telles Malbrough, Près de la Porte St-Denis de Vincent Scotto, It's a Long Way to Tipperary, Il pleut, Bergère, parfois du climat de l'opérette : je pense à celle de Claude Terrasse, ou même, en une occasion, à l'opérette viennoise, pour la chanson en allemand. Une certaine atmosphère Brassens s'impose à l'esprit pour les chansons écrites en mémoire de copains disparus : L'Arrière et l'avant parle de ceux qui combattent et ceux qui restent embusqués en ville, tout comme la Chanson de Craonne, où celui qui retourne au front peste contre les autres "car c'est pour eux qu'on s'crève". Très belle aussi la troisième partie dans laquelle on assiste à la vie quotidienne au camp : logement, marché noir, habillement, repas, punitions, convois de blessés. Pour l'auditeur, c'est un véritable voyage dans le temps : on se croit là-bas. Notre Eden en est un magnifique exemple. La dernière partie contient un peu d'espoir : C'était la guerre dépeint la joie du soldat qui revient des Balkans, vivant, mais seul :
Beaucoup de nous n'ont pas revu la France
Ils sont tombés dans ces lointains pays
Mais quant à moi qui en ai eu la chance
J'en ai gardé un triste souvenir.
Oui, une étrange parution qui, au-delà de la simple écoute musicale, interroge la guerre, et son horreur.
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 8 - Interprétation 9

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