Les oeuvres pour piano et cordes sans numéro d'opus de Beethoven

par

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Quatuor avec piano en do majeur, WoO 36 n°3 - Trio avec piano en mi bémol majeur, WoO 38 - Quatuor avec piano en ré majeur, WoO 36 n°2 -
Mouvement de trio avec piano en si bémol majeur, WoO 39 - Quatuor avec piano en mi bémol majeur, Wo O36 n°1
Milander Quartett (Milana Chernyavska, piano - Lisa Schatzman, violon - Alexander Moshenko, alto - Beni Santora, violoncelle - Rupert Buchner, violoncelle pour le quatuor WoO 36, n°1
2007-2008-DDD-70'40''-Texte de présentation en allemand, anglais et français-Divox CDX 20704

Les WoO (Werke öhne opus) sont souvent des oeuvres de jeunesse. C'est le cas dans cet enregistrement à l'exception du beau mouvement de trio WoO 39 qui date de 1812. Cette dernière composition de Beethoven destinée à la formation piano, violon, violoncelle est dédiée à Maximiliane, la fille aînée de ses amis Franz et Antonia Brentano, alors âgée de 10 ans à laquelle il dédicacera encore en 1821 sa sonate en mi op. 109, la première de ses trois dernières sonates pour le piano. Pour l'anecdote, on ne peut passer sous silence le souci éducatif de Beethoven pour sa jeune dédicataire ; il a noté les doigtés de la partition, comme le mentionne l'édition critique Henle de ce mouvement de trio. Belles oeuvres de jeunesse, les trois quatuors avec piano, WoO 36, composés par un Beethoven de 14 ans. Ce n'est pas l'influence de Haydn que l'on ressent ici mais bien celle de Mozart, alors en vogue à la cour de Bonn et, en particulier de ses sonates pour piano et violon de 1781 (les K. 296, 379 et 380) qui paraissent avoir servi de modèles au jeune compositeur. Ces quatuors ne sont pas du tout anecdotiques ; on y perçoit déjà des traits typiquement beethovéniens que l'on retrouvera plus tard (dans les sonates pour piano op. 2, n°1 et n°3 ou dans le rondo de la sonate pathétique, par exemple). Le trio WoO 38 est le premier essai de Beethoven pour cet ensemble instrumental. On le date de 1790-1791. Il présente également des caractères novateurs ; le traditionnel menuet y est remplaçé par un scherzo, dans une succession inhabituelle de trois mouvements : Allegro moderato - Scherzo, allegro ma non troppo et rondo, allegretto. Le quatuor Milander regroupe trois nationalités : Milana Chernyavska et Alexander Moshenko sont ukrainiens, Lisa Schatzman française et Beni Santora suisse. Nos interprètes privilégient l'aspect concertant, accentué par la prise de son qui met en évidence le piano en nous laissant entrevoir les versions chambristes des concertos de Mozart alors en vogue à la cour de Bonn (les 11ème, 12ème et 13ème, K. 413-415). On le voit : ils abordent ces pièces de jeunesse comme il le faut "à la Mozart" avec une enthousiasme mâtiné d'une touche d'insouciance. Ainsi, dans le scherzo du trio WoO 38, le ma non troppo mentionné est oublié ; on est plus dans une folle poursuite des partenaires que dans un scherzo bien dompté. Souvent aussi, on entend l'exposition des deux thèmes traditionnels affirmée dans une volonté pré-beethovénienne et la réexposition dans une couleur plus mozartienne. Un beau bain de jouvence ! On parle souvent du génie précoce d'un Mozart, d'un Schubert ou d'un Mendelssohn, rarement d'un Beethoven ; mais lui aussi a été jeune!
Jean-Marie André

Son 9 – Livret 8 –  Répertoire 8 – Interprétation 9

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