Les Quatuors de Johannes Verhulst

par

Johannes Verhulst (1816-1891) : Quatuor op.6 n°1 en ré mineur, Quatuor op.6 n°2 en la bémol majeur
Utrecht String Quartet
2014-DDD-58’22-Textes de présentation en allemand, français et anglais-MDG 603 1840-2

Qui est Johannes Verhulst? Compositeur tombé dans la disgrâce, il est né à La Haye aux Pays-Bas en 1816 et meurt à Bloemendaal en 1891. Artiste majeur et sans doute le plus apprécié de son pays, il est formé à l’Ecole Royale de Musique de La Haye. Sa rencontre avec Mendelssohn fut capitale : sur invitation de ce dernier, Verhulst part à Leipzig pour y suivre des études « supérieures ». Egalement chef d’orchestre, il rencontre à Leipzig Robert Schumann qui lui dédia, après l’écoute du Quatuor n°2, son opus 52 (Ouverture, scherzo et Finale). Schumann considérait hautement l’œuvre du compositeur hollandais : « Le quatuor n’a rien du flegme que l’on reproche si souvent à ses compatriotes. Au contraire, il est d’un grand naturel musical et plein de verve, une verve qui dans une forme aussi complexe ne se maîtrise qu’avec beaucoup d'efforts ». Tenant quelques positions importantes (directeur des Concerts Felix Meritis, directeur musical de la section de Rotterdam de la Société pour la Promotion de la musique…), Verhulst n’était pas un ardent défenseur de la musique moderne de son temps. Son refus de présenter des œuvres d’un Berlioz ou d’un Wagner mit fin à sa carrière. C’est ainsi que l’Utrecht String Quartet nous fait redécouvrir la musique de chambre passionnante du compositeur hollandais. Verhulst n’est pas avare en dynamiques et contrôle l’orientation de la forme générale avec maturité. Ce ne sont pas des Quatuors de circonstance mais bien des chefs-d’œuvres tant le foisonnement harmonique, rythmique et mélodique les rend passionnants. Le Quatuor Utrecht saisit cette énergie constante avec facilité et produit un enregistrement de haut vol. Le Quatuor n°1 (en quatre mouvements) comporte quatre énergies, quatre couleurs parfaitement homogénéisées. Plus moderne dans l’écriture, le Quatuor n°2 (en quatre mouvements également) travaille davantage sur l’ampleur des phrases dans un contexte tonal plus complexe. L’Adagio sostenuto est sans doute le mouvement le plus touchant tant la construction thématique et le souffle bouleversent l’auditeur. Mélodies séduisantes, parfois suaves, dialogue efficace entre les instruments, rythmique entraînante (même dans les mouvements lents), voilà les caractéristiques de l’œuvre de Verhulst, parfaitement interprétée ici et mise sur disque sans aucun artifice par la firme MDG. Reste à enregistrer le Quatuor n°3. A découvrir !
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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