Les secrets d'une réussite...

par

"Une année historique, un moment historique" tenait à souligner Arie Van Lysebeth, Président du Jury du Premier Concours Reine Elisabeth destiné au violoncelle lors de la proclamation  des résultats.

De G à D. Bruno Philippe, Yan Levionnois, Aurélien Pascal, Kang Seungmin, Yuya Okamoto, Santiago Canon-Valencia 2e rang, de G à D. Brannon Cho, Maciej Kulakowski, Victor Julien-Leferrière, JeongHyoun Christine Lee, Ivan Karizna, Sihao He

"Historique" parce que cette session marquait le 80e anniversaire de la victoire de David Oistrakh au tout premier Concours Reine Elisabeth dénommé alors "Concours Ysaÿe". "Historique" parce que c'est la première fois que le concours offrait sa scène au violoncelle, moins connu pour sa présence en soliste qu'en musique de chambre, plus confidentiel que le piano ou le violon par la gravité de son chant et son répertoire soliste plus restreint.
L'équipe du Concours que l'on sait soudée oeuvra à la réussite de cette première session qu'elle savait audacieuse comme toute nouvelle expérience. Le violoncelle trouvera-t-il une même audience que le piano, le chant ou le violon ? Y-a-t-il au monde autant de violoncellistes prêts à affronter une telle épreuve ?
A la deuxième question, la réponse vint d'emblée puisque pas moins de 202 candidats venus du monde entier ont posé leur candidature, autant que pour les sessions soeurs. Sur base d'auditions sur vidéo, 70 candidats ont été retenus et 2 de ceux-ci se sont désistés en dernière minute. Soit 68 candidats de 22 nationalités prêts à affronter la première épreuve. Le concours nous avait prévenu : "vous n'imaginez pas leur qualité"... C'est bien ce que l'on a pu entendre tout au long de cette session et on est impressionnés de savoir qu'autant de jeunes cultivent leur art avec un tel niveau d'exigence. La sélection des 12 finalistes n'a pas dû être aisée ; et encore moins facile le classement final. Car plus qu'à un concours, nous avons pu participer à six soirées de concerts de grande classe et on peut soupçonner que les cotes attribuées aux artistes se retrouvaient dans un mouchoir de poche.
A la première interrogation, celle de l'audience, le public a très vite apaisé les doutes : "sold out" dès les premières épreuves jusqu'aux soirées de finales la dernière semaine. Soit un mois durant lequel la Belgique mélomane mais aussi le grand public ont pu vivre à l'heure du violoncelle. Pour certains, c'était aussi l'occasion de découvrir l'instrument car luthiers et archetiers étaient de la partie pour ouvrir au public leurs ateliers.
Pour parfaire la qualité d'une session "à risque", le Concours avait réuni un jury de grande classe : il suffit de voir le nombres des finalistes ayant travaillé aux côtés de l'un ou l'autre membre, le nombre d'enregistrements qu'ont réalisés la plupart d'entre eux, les master-classes qu'ils ont données à travers le monde. Pour la première fois aussi, l'Orchestre National de Belgique faisait place au Brussels Philharmonic sous la direction de Stéphane Denève dont au connaît le travail et la réputation à travers le monde. Durant les six soirées des finales, l'orchestre a montré qu'il était digne de sa réputation et combien les musiciens et leur chef étaient attentifs à chacun des violoncellistes. Une mention toute spéciale au cor solo, Hans van der Zanden,  qui tenait une belle partie de soliste tant dans le concerto de Chostakovitch que dans celui de Dvorak.
Autre gage de qualité encore pour la réussite d'une session : la qualité des oeuvres imposées. Il y a bien sûr le choix des compositeurs mais que vont-ils proposer ? Là aussi, on fut vite rassuré par Chacun sa Chaconne de Annelies Van Parijs et Sublimation de Toshio Hosokawa. Des pièces qui permettent aux solistes de donner le meilleur d'eux-mêmes, de développer leurs qualités tant techniques que musicales et assimilables pour le public qui a manifesté une écoute intéressée et attentive.
On ne dira donc jamais assez combien ce concours octogénaire, à ma connaissance le plus ancien concours musical au monde toujours en activité, est un des fleurons de la Belgique, passant outre des frontières linguistiques ou autres. Et, de l'avis unanime de ceux qui le découvrent, un des rares concours à réunir haute teneur artistique et hautes valeurs humaines. Il suffit de voir, par exemple, l'ambiance qui règne à la Chapelle Musicale durant la semaine de "mise en loge" où se retrouvent les finalistes. Alors que les enjeux sont grands, pas de rivalités mais une ambiance conviviale où on ne craint pas de donner l'une ou l'autre ficelle à un collègue, ne serait-ce qu'un doigté !
Ce qui fait la spécificité de ce concours ? Une formidable équipe sur laquelle plane toujours l'ombre de Jean-Pierre de Launoit. Il avait confiance en Jan Huygebaert. Il ne s'est pas trompé...
Bernadette Beyne

Les trois premiers...

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