Les surprises de l'amour
Jean-Philippe Rameau (1683 - 1764)
Les surprises de l'amour, Opéra-ballet. Paris,1758
Les Nouveaux Caractères, dir.: Sébastien d'HERIN
2013- 3 CD-CD152'55-CD2 50'47-CD3 42'46- Présentation en anglais, français, allemand-Textes en français et anglais- chanté en français- GCD 922701 Glossa
On peut être fervent ramiste et trouver que Les surprises de l'Amour pâlissent devant Hippolyte et Aricie (1733), Les Indes Galantes (1735), Castor et Pollux (1737), Dardanus (1739), voire La Princesse de Navarre (1745). Ce n'est pas, comme le remarque judicieusement dans la notice, Sylvie Bouissou parce que le Dijonais a « vieilli » ainsi que prétendait Collé, mais tout simplement parce que le genre lui-même paraît loin de nous et les sujets tout autant. On sent que les trois actes regroupés artificieusement ne sont là que pour offrir une soirée d'opéra ( en 3 actes...), un divertissement dans le style « Pompadour » avec ses trois entrées L'Enlèvement d'Adonis, La Lyre enchantée, Anacréon. D'autant que l'interprétation s'avère sans grand charme ni musicalité. « Les Nouveaux Caractères » -comme se définissent les interprètes manquent singulièrement de… caractère. L'approche des textes -littéraire et musical, n'empoigne jamais et reste trop superficielle pour capter l'intérêt. Le jeune chef Sébastien d'Hérin, que la photo du livret montre assez désinvolte et content de lui, dispose d'une « certaine marge de progression »… : à -peu- près, départs mal réglés, tempos sans recherches ni contrastes, sonorités poussées ou effacées. Quant à la partie chantée : trop proches vocalement les unes des autres avec des timbres à peine différenciés, les quatre sopranos et mezzo semblent interchangeables et bien trop conventionnelles de style. Ajoutons des tessitures tendues, des vocalises approximatives, des sons saturés d'aigu (bien que le diapason soit à 415), des « r » roulés outrageusement et des accents artificiels parfois franchement disgracieux, même pour Apollon, un comble !
Certes, c'est une partition qui avait été écrite, abandonnée, puis reprise, et son élan primordial en a peut-être pâti. Mais cette musique qui reste toujours adorable et fraîche, aurait pu être vivifiée d'une toute autre ardeur. Alors, comme l'affirme le chœur à la dernière réplique, puisque « Bacchus ne défend pas d'aimer/ Et l'Amour nous permet de boire », oublions vite ces imperfections avec les bulles du champagne qui, lui, pétille !
Bénédicte Palaux Simonnet
Son 8 - Livret 10 - Répertoire 8 - Interprétation 7