L’intériorité d’Horowitz à Chicago

par

Domenico Scarlatti (1685-1757) : Sonate en mi majeur K 380 – Sonate en mi majeur K 135 – Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Adagio en si mineur K 540 – Rondo en ré majeur K 485 – Sonate en di majeur K 330 – Alexander Scriabine (1872-1915) : Etude en ut dièse mineur op. 2 n°1 – Etude en ré dièse majeur op. 8 n°12 – Robert Schumann (1810-1856) : Arabesque en ut majeur op. 18 – « Träumerei », Kinderszenen – Franz Liszt (1811-1886) : Sonetto 104 de Petrarca S 161 – Soirée de Vienne n°6 S 427 – Frédéric Chopin (1810-1849) : Mazurka en ut dièse majeur op. 63 n°3 – Mazurka en fa mineur op. 7 n°3 – Scherzo n°1 en si mineur op. 20 – Moritz Moszkowski (1854-1925) : Etincelles op. 36 n°6
Vladimir Horowitz, piano
2015-DDD-2 CD 42’47-78’51-Textes de présentation en anglais, français et allemand-Deutsche Grammophon DG479 4649

« Tout récital de Horowitz est une part de feu d’artifice, une part de passe-passe, une part d’évocation poétique. » Voilà comment débutait la critique signée de John von Rhein pour le Chicago Tribune à l’occasion du dernier récital donné par le maître à Chicago le 26 octobre 1986. Trois années avant sa disparition, Horowitz ne donnerait plus que deux concerts aux Etats-Unis, les 14 et 15 décembre. Comme souvent, il préférait associer des pièces courtes alliant virtuosité mais aussi maturité et finesse. C’est le cas avec Scarlatti et Mozart que le pianiste maîtrise avec intelligence et délicatesse. Sa virtuosité sans limites laisse pourtant de la place à un langage plus introverti, intérieur qui prouve que l’homme, malgré la fatigue apparente, continue d’explorer le répertoire avec sagesse. En attestent l’incroyable souffle porté dans l’Arabesque et « Träumerei » (Kinderszenen) de Schumann ou encore la légèreté dans « Etincelles » de Moszkowski. On a d’ailleurs évoqué cette « troisième période » comme celle de la maturité, le « Horowitz tardif » : « Le concert du dimanche trouva le grand pianiste dans un état d’esprit plus introspectif qu’auparavant – moins enclin aux accès nerveux ou capricieux, ou aux distorsions agressives de la ligne. A leur place, il y avait une sensibilité lyrique, un pianisme limpide et magnifiquement proportionné, un legato sans couture, murmuré, qu’aucun autre pianiste ne peut reproduire ». Jon M. Samuels, en retrouvant en 2013 dans les archives de la radio classique de Chicago WFMT l’enregistrement du concert offert par Horowitz à la ville de Chicago qu’il appréciait et où il était lui même adulé, nous offre donc ici un très beau cadeau. Avec un peu d’imagination, l’auditeur pourra très facilement se retrouver à la places des spectateurs de 1986, sentir l’atmosphère chaleureuse et bienveillante, et poursuivre cette (re)découverte d’un pianiste exceptionnel à travers deux interviews diffusées pendant l’entracte durant la diffusion en direct : l’une le 30 octobre 1974 à l’occasion du retour de l’artiste à Chicago après six années d’absences, et l’autre la veille du concert de 1986. L’occasion pour le pianiste de se raconter en toute simplicité, parfois avec humour, et faire finalement le bilan de toute une vie au service de la musique. Une nouvelle pierre angulaire dans la discographie du pianiste et une très belle leçon de musique.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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