Lohengrin pour un beau début de saison à Opera Vlaanderen

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Lohengrin

En avril 2018, La Monnaie nous avait gratifiés d'une superbe production de Lohengrin dirigée par Alain Altinoglu, mise en scène par Olivier Py, avec Eric Cutler en chevalier au cygne. Voici qu'Opera Vlaanderen ouvre sa saison par sa propre vision du chef-d'oeuvre wagnérien, moins spectaculaire sans dout, mais très resserrée dramatiquement.

David Alden est américain et attiré par les opéras grandioses (Semiramide, Les Huguenots). On a pu l'appécier in loco dans Peter Grimes et dans Khovantschina. Ce qui frappe, c'est l'extrême soin apporté par Alden à tous les éléments décoratifs du spectacle : murailles impressionnantes de Paul Steinberg, costumes soignés de Gideon Davey (ah, la robe de mariée d'Elsa à l'acte II !), jeu de lumières saisissant lors de l'arrivée du cygne, fresque de Neuschwanstein dans la chambre nuptiale. Et, par-dessus tout, une direction d'acteurs soutenue, qui a porté de nombreux passage à un niveau d'incandescence, tels les affrontements entre Ortrud et Telramund, ou le duo d'amour du dernier acte, lorsque Elsa pose la question fatale. Les chanteurs sélectionnés étaient peut-être moins connus que ceux de La Monnaie mais, à une exception près, formidables. Relevons tout d'abord le forfait de Thorsten Grümbel en Henri l'Oiseleur. Malade, il a mimé sur scène le le que chantait, derrière un lutrin, Wilhelm Schwinghammer, très belle basse, familier du personnage à Bayreuth; il a merveilleusement tiré son collègue d'affaire.

Excellent héraut claudiquant (pourquoi ?) de Vincenzo Neri. A l'appel du roi, Liene Kinca a jailli d'une trappe, toute de blanc tue. La soprano lettonne a dominé la distribution dès son célèbre rêve "Einsam in trüben tagen", par une voix d'une pureté sans pareille et un rayonnement qui a irradié toute la soirée. D'autant plus que la conception du metteur en scène la mettait particulièrement en valeur : échappant à la terreur que lui impose Ortrud, Elsa tente de trouver sa vérité mais détruira elle-même le bonheur qu'elle vient de trouver en Lohengrin. Une magnifique interprétation.

Le couple maudit est bien incarné -comme presque toujours. Irène Theorin est coutumière de ce genre de rôle hystérique (elle est une excellente Elektra), et Craig Colclough, à la limite de l'histrion, ferait un terrible Alberich. Vocalement, ils sont tous deux parfaits. Reste le rôle-titre, chanté par le ténor serbe Zoran Todorovich. Très engagé sur scène, il avait chanté un beau Parsifal à Opera Vlaanderen en 2013. Il a paru un peu fatigué, et manquait de l'éclat lumineux attendu du roi du Graal, surtout dans In fernem Land que tout le monde attend. Superbes choeurs dirigés par Jan Schweiger : leur partie est essentielle et le finale grandiose de l'acte I, par exemple, a splendidement résonné dans la belle acoustique de la salle gantoise, pour le plus grand enchantement des spectateurs. Le jeune chef argentin Alejo Perez, nouveau directeur musical d'Opera Vlaanderen, suscite tous les espoirs par la parfaite réussite de ce spectacle.

Bruno Peeters

Opera Vlaanderen, Gent, le 20 septembre 2018.

Crédits photographiques : Opera Vlaanderen / DR

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