L’Opéra de Paris côté symphonique

par
Jordan

Modest MOUSSORGSKI
(1839 - 1881)
Tableaux d’une exposition (orchestration de Maurice Ravel)
Sergei PROKOFIEV
(1891 - 1953)
Symphonique n°1 en ré, Op. 25, dite « Classique »
Orchestre de l’Opéra National de Paris, Philippe Jordan, direction
2017-DDD-47’36-Textes de présentation en français, anglais et allemand-Erato-0190295877910
C’est sans voix chantées que le chef d’orchestre Philippe Jordan revient au disque avec son Orchestre de l’Opéra National de Paris. Philippe Jordan fait partie aujourd’hui de ces chefs reconnus pour leur travail exemplaire de précision, de soin apporté au matériau musical tout en y adjoignant une touche personnelle toujours dans le respect et la justesse de la partition. Chez Erato, l’orchestre offre une lecture conséquente de deux chefs-d’œuvre incontestables du répertoire bénéficiant déjà d’une longue carrière discographique. Prokofiev couche sur papier les premières notes de sa Symphonie classique en 1916, à l’âge de 25 ans, en hommage au père de la symphonie, Joseph Haydn : « Mon idée était d’écrire une symphonie dans le style de Haydn […] Je pensais que si ce compositeur avait encore vécu, il aurait certainement agrémenté sa musique d’éléments nouveaux, tout en conservant sa façon de composer. C’est une symphonie classique et fidèle à ce principe que je voulais composer. » C’est dans la célèbre orchestration de Maurice Ravel que Philippe Jordan dirige les Tableaux d’une exposition de Moussorgsky, fruit d’une visite d’une exposition consacrée à l’œuvre de Viktor Hartmann, architecte et ami proche du compositeur mort subitement à 39 ans. Œuvre à programme composée de dix pièces musicales dont la célèbre « Promenade » qui agit ici comme transition entre les tableaux, se côtoient diverses ambiances et couleurs nationales caractéristiques à travers une multitude d’effets sonores toujours captivants. La lecture que fait Jordan de ces deux œuvres est à souligner tant elle se rapproche au plus près du matériau musical. Sa baguette, que l’on connaît franche et massive, se dote volontiers ici d’une grande et large palette de couleurs, les « Promenades » suffisant ici à déceler ce talent d’agencement de la matière sonore et cette structuration judicieuse. Phrasés soignés, texte vu à la loupe, vision quasi chirurgicale de la balance et l’homogénéité des pupitres en adéquation avec des solos instrumentaux (basson, trompette, tuba…) expressifs et dosés. Chaque tableau se voit décerner une énergie, une attitude, du pétillant des « Tuileries » aux lugubres « Catacombes ». Avec une telle phalange orchestrale, Jordan peut offrir un Prokofiev tout aussi énergique dont la vivacité du propos permet de montrer le potentiel de chaque pupitre de l’orchestre. Tout est clair, transparent pour une baguette qui se veut élégante (Larghetto), légère (Gavotte), et volontiers ironique, mais sérieux (Allegro et Finale).
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 8 – Interprétation 10

 

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