Mais où est donc passé Schubert ?

par

Franz Schubert (1797 - 1828)
Symphonies n°3 en Ré Majeur D. 200 - Symphonie n°4 en ut mineur "Tragique" D. 417 - Symphonie n°5 en Si bémol Majeur D. 485
Swedish Chamber Orchestre, dir.: Thomas Dausgaard
2014-SACD-80'58''-Textes de présentation en anglais, allemand, français-Bis 1786

On ne dira jamais assez combien il est difficile de rendre justice à Schubert, ses surprises harmoniques, ses couleurs sans cesse changeantes, ses subtiles mélodies, son art des modulations, son agogique, les étincelles du propos qui surgissent çà et là, la magie au sein de l'effervescence, sa rythmique précise, ses rythmes pointés, les "perpetuum mobile" de ses mouvements conclusifs,... tout cela créant la "signature schubertienne". Après avoir enregistré les Symphonies n°6, 7, 8 et 9 (que nous n'avons pas eu l'occasion d'écouter), Thomas Dausgaard poursuit avec les Symphonies n°3, 4 et 5. Un alliage intéressant, puisqu'il montre le passage d'un Schubert proche de Haydn avec, notamment, ses introductions lentes, au Schubert plus "assis" de la 5e Symphonie, même si celle-ci, dans son Menuetto, lorgne du côté de Mozart dans le même mouvement de sa Symphonie en sol mineur K. 550. Thomas Dausgaard est, depuis 1997, le chef titulaire de l'Orchestre de Chambre de Suède avec lequel il enregistre dans la série "Opening Door" un large panorama de musiques romantiques. J'avoue ne pas bien comprendre ses tempi : un Menuetto très lent dans la 3e Symphonie, très rapide dans l'Allegro de la 5e, mais l'orchestre y réagit bien. Ce qui me gêne le plus est la balance peu schubertienne des pupitres : tantôt une prédominance des cordes basses, tantôt celle des bois dont on peine à différencier les timbres emmêlés, et dieu sait la magie qu'exercent les hautbois, les  clarinettes et les cors dans les symphonies de Schubert. Peut-être trouve-t-on ici l'explication au fait que la balance est mieux répartie dans la 5e Symphonie qui, elle, se retrouve en bois et vents réduits. On déplorera aussi la vision très carrée, austère et directe de l'ensemble : où est, par exemple le si beau balancement 6/8 de l'Andante con moto de la 5e Symphonie ? Où trouve-t-on dans ces 12 plages la tendresse, la magie, la couleur ?  Ma référence restera donc toujours Sandor Vegh et la Camerata du Mozarteum de Salzbourg.
Bernadette Beyne

Son 8 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 5

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