Marc Coppey et les Solistes de Zagreb, une association au service de l’émotion

par

Joseph HAYDN
(1732-1809)
Concerto n˚1 en do majeur pour violoncelle (Hob. VIIb : I)
Concerto n˚2 en ré majeur pour violoncelle (Hob. VIIb : 2)
Carl Philipp Emanuel BACH
(1714-1788)
Concerto en do majeur pour violoncelle (H 439)
Marc Coppey (violoncelle et direction), les Solistes de Zagreb
2016 – SACD – 67’31 – Textes de présentation en allemand et en anglais – Audite 97.716
Le violoncelliste français de renommée internationale, Marc Coppey dont la carrière débuta en 1988 suite à ses deux prix au concours Bach de Leipzig, revient en force avec un disque qui nous plonge dans le classicisme. C’est avec les Solistes de Zagreb, dont il est le directeur musical depuis 2011, qu’il enregistre les deux concertos pour violoncelle de Haydn (Hob. VIIb : 1 & 2) ainsi que le premier concerto pour violoncelle de C.P.E. Bach (H439). Les deux concertos de Haydn sont des œuvres incontournables pour un violoncelliste voulant travailler le répertoire classique. En effet, ni Mozart ni Beethoven ne composèrent de concertos pour violoncelle. De plus, selon Coppey, ces deux concertos de Haydn, ainsi que les Suites de J.S. Bach et les œuvres de Boccherini, inscrivent le violoncelle comme instrument soliste dans l’histoire. Cependant, C.P.E. Bach composa les concertos pour violoncelle les plus importants avant Haydn. Il était donc logique d’inclure son premier concerto dans cet album. Pour cet enregistrement, Marc Coppey a voulu respecter la taille de l’orchestre que Haydn aurait eu à sa disposition, soit un petit ensemble de 15 cordes, 2 hautbois et 2 cors. Ils ont donc enregistré les œuvres sans chef, à la manière concertante, se rapprochant plus de la musique de chambre : la passion d’une vie pour Marc Coppey. La collaboration entre Marc Coppey et les Solistes de Zagreb les amène à jouer ces concertos en concert à maintes reprises, un enregistrement était l’étape suivante. Bien que les concertos de Haydn sont très connus et ont souvent été enregistrés, on apprécie cette nouvelle version camerata. Avec ces œuvres, on redécouvre la couleur unique et magnifique de son instrument, le «Van Wilgenburg », un violoncelle rare fabriqué par Matteo Goffriller (Venise, 1711). L’instrument au son chaleureux est parfait pour interpréter ces œuvres composées entre 1753 et 1783. Les trois concertos demandent, autant à l’ensemble qu’au soliste, une précision extrême de l’intonation et de l’articulation mais tout en restant phrasé, libre et naturel. Selon Coppey, rien ne doit sembler difficile à l’écoute, le soliste ne doit jamais sembler être en difficulté et cela, on peut aussi le constater en regardant la vidéo annonçant la sortie du disque avec des extraits de la session d’enregistrement. Les années d’association entre les Solistes de Zagreb et Marc Coppey créent une unité d’ensemble unique. En effet, une énergie se dégage de cette collaboration de longue durée et on ressent que leur travail est au service de l’émotion. Certains mouvements sont d’une virtuosité extraordinaire alors que d’autres nous transportent à l’opéra avec des envolées bel canto. S’il est souvent dit que le violoncelle est l’instrument le plus proche de la voix humaine, Marc Coppey nous en donne la preuve dans certains passages de cet enregistrement. Notre cœur est transporté à l’écoute des lamenti notamment dans l’Adagio du premier concerto de Haydn. On voudrait que le temps s’arrête lors des deuxièmes mouvements de ces trois concertos. On pourrait peut-être déplorer les transitions entre les deuxièmes et troisièmes mouvements, parfois trop soudaines, et pouvant casser l’ambiance aux sonorités profondes et chaleureuses, créées par Marc Coppey et l’ensemble dans les mouvements lents.
Caroline de Mahieu, reporter de l’IMEP

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