Marie, Elise et Julie Schumann : la leçon de musique

par

Schumann and his Daughters
Robert Schumann (1810-1856) : Kindersonate op.118 Nr.1 – Wiegenliedchen op.124 Nr.6 – Sonate op.118 Nr.2 – Schlummerlied op.124 Nr.16 – Klavierbüchlein für Marie – Ein Gang durch die Musikgeschichte – Originalstücke zum « Album für die Jugend, die nicht in den Erstdruck aufgenommen wurden – Sonate op.118 Nr.3

Florian Uhlig (piano)
2013 – DDD – 71’06’’ – Notes en allemand et anglais – Hänssler classic SCM – CD.98.01

Florian Uhlig poursuit avec ce cinquième volume l’enregistrement de l’œuvre de Robert Schumann de 1830 à 1854. Le pianiste né à Düsseldorf mais étudiant à Londres est le seul à ce jour ayant comme projet d’enregistrer l’intégrale des œuvres de Schumann en 15 CD thématiques dont certaines sont des premières. Pour ce volume, il propose un voyage au sein de l’enfance. Les Scènes de la forêt, n’y figurent pas car elles représentent l’évolution d’un enfant jusqu’à l’âge adulte. Ici, la volonté de Uhlig est d’offrir les pièces pour enfants, notamment pour ses trois filles, Marie, Elise et Julie. Ce n’est sans doute pas la parution la plus virtuose mais elle possède ce que d’autres n’ont pas, à savoir l’émotion, quelque chose de touchant. Heureux par la naissance de sa première fille Marie, Schumann écrit pour le premier Noël familial Schlummerlied (pour Marie et Clara Schumann). A l’image plus tard de Mahler qui écrit des pages d’orchestre pour Alma, Schumann installe une ambiance douce où l’amour pour sa famille se perçoit dès les premières notes. Mélodie simple et harmonie plus évidente, comme la première scène d’enfants. On comprend vite pourquoi Clara aimait jouer cette œuvre lors de ses concerts, elle nous emmène en effet dans un rêve, telle une berceuse. Les Trois sonates pour la jeunesse sont également intéressantes. Relativement courtes, elles sont chacune dédiées aux trois filles et possèdent une délicatesse dans l’écriture tant du point de vue harmonique que mélodique. La forme est également assez simple, composées de quatre mouvements. Schumann accentue les œuvres en y ajoutant (comme souvent) des titres tels que Puppenwiegenlied, Abenlied, Zigeunertanz. Chose surprenante est la transcription d’airs ou de pièces d’autres compositeurs. C’est le cas pour Beethoven avec l’Ode à la joie, l’air de Zerlina du deuxième acte de Don Giovanni de Mozart, Trinklied des Kaspar de Freischütz où l’on a aussi le plaisir d’entendre le dialogue. Schumann passera enfin par Händel, Bach, Gluck et Schubert. Ces pièces toutes courtes sont assez faciles à étudier au piano et l’on comprend qu’elles furent écrites pour les filles du compositeur. Pour l’apprentissage du piano, travailler des œuvres dont des thèmes populaires sont à l’honneur facilitent certainement le travail et la motivation nécessaire. Florian Uhlig associe donc intelligemment les œuvres finalement peu connues de Schumann en présentant une facette du compositeur, celle de l’amour pour sa famille. Et cet amour se caractérise bien dans le jeu du pianiste : souplesse, timbre juste et douceur sont au programme. Pas de démonstration de force ou de virtuosité que l’on pourra sans doute entendre dans les autres volumes. La brochure de présentation est intéressante en associant l’explication de l’œuvre de Schumann aux biographies des trois filles Schumann. Si les autres volumes sont aussi riches, l’intégrale de Florian Uhlig promet d’être un réel succès.
Ayrton Desimpelaere
Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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