Mozart : Concertos version Quatuor

par

Wolfgang Amadeus MOZART (1756 - 1791)
Concertos pour piano n° 12, 13 et 14
Gottlieb Wallisch (piano), Piatti Quartet (Charlotte Scott : premier violon, Michael Trainor : second violon, David Wigram : alto, Jessie Ann Richardson : violoncelle)
2013 - LC 11615 - 69'13'' - Notice en anglais et allemand - Linn records
Le pianiste autrichien Gottlieb Wallisch nous revient avec un disque consacré à trois Concertos pour piano de Mozart accompagné par un quatuor à cordes. Selon le compositeur contemporain Frédéric Rzewski, les Concertos pour piano de Mozart sont ce qu'il y a de plus parfaits dans le genre ; après Mozart, le concerto pour piano n'est qu'en perpétuel déclin. Autant dire qu'il place haut ces vingt-sept concertos de Mozart. Gottlieb Wallisch, qui a déjà enregistré à plusieurs reprises des oeuvres de Mozart a sûrement décidé d'insister sur le fait que ces concertos sont avant tout de la musique de chambre en choisissant de les enregistrer avec un quatuor à cordes. Il est vrai que Mozart a amené le concerto pour piano à un degré de perfection inégalable ; l'orchestre mozartien dans les concertos pour piano n'est pas là que pour remplir les pauses du pianiste, il l'accompagne, le soutien, échange avec lui et énonce bien souvent tous les thèmes principaux du concerto. En somme, l'orchestre et le piano sont deux éléments ayant une grande importance et n'existant pas l'un sans l'autre. Aussi le choix du quatuor n'est pas un hasard ni une hérésie. Le quatuor étant un ensemble de musiciens essayant de n'être qu'un son ou une couleur. Avant d'écouter le disque on pouvait se demander si l'on n'allait pas regretter l'absence des bois qui donnent un coloris si spécifique aux Concertos pour piano de Mozart. Aucun regret dès les premières secondes écoutées dans le premier mouvement du Concerto pour piano n° 12 en La Majeur. Le quatuor a la même intensité qu'un orchestre et à aucun moment on ne ressent un manque de son, de vigueur ou de contraste. L'impression en est même troublante. On pourrait aisément croire que la version originale est pour quatuor à cordes. Dès l'entrée du piano, on reconnaît le jeu dans Mozart de Wallisch : fermeté de l'attaque, précision dans les phrasés, rythmique claire et sans concession. Le jeu de ce jeune pianiste viennois n'est pas sans rappeler la clarté et la brillance d' Annie Fischer, pianiste réputée pour son jeu limpide et spontané autant dans Mozart, Beethoven ou Bartok. A l'écoute des autres concertos, on se surprend parfois à avoir envie d'entendre un véritable orchestre répondre au piano mais à l'écoute de ce que réalise le Piatti Quartet cette envie ne dure pas et on se réhabitue vite au son souple et contrasté de ce quatuor. Dans le mouvement lent du Concerto pour piano n° 14 en Mi bémol Majeur l'introduction du quatuor est très finement réalisée, tendre, lyrique et bien construite. On a l'impression d'entendre un troisième quatuor avec piano de Mozart. On sent le travail effectué. Il est évidemment plus simple de répéter de longues heures avec un quatuor plutôt qu'avec un orchestre. Aussi le travail des couleurs, le temps musical ainsi que les phrasés sont très travaillés. Heureuse redécouverte de ces concertos et belle occasion d'écouter les talents conjugués du Piatti Quartet et de Gottlieb Wallisch.
François Mardirosian

Son 10 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 9

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