Munich, Gergiev et Bruckner : un mariage heureux

par
Bruckner Gergiev

Anton BRUCKNER
(1824 - 1896)
Symphonie n°4 en mi bémol majeur « Romantique », WAB 104 (version 1878-1880, Ed. Leopold Nowak, 1953)
Münchner Philharmoniker, dir.: Valery Gergiev
2016-live-68’21-Textes de présentation en anglais et allemand-MPhil-MPHL0002

Après Mahler et sa Deuxième Symphonie, c’est Anton Bruckner que Valery Gergiev et le Münchner Philharmoniker choisissent de présenter pour leur seconde parution sous le label éponyme avec la non moins redoutable Symphonie n°4 « Romantique ». Comme pour Mahler, l’alchimie opère entre l’orchestre et son directeur musical tant le matériau musical est respecté et soigné à travers les quatre mouvements. D’un autre côté, voilà un répertoire que chacun des partis maîtrisent depuis longtemps. S’agissant de l’orchestre, faut-il se remémorer la vision de Celibidache dont la baguette a donné à cette œuvre, comme à l’orchestre, ses lettres de noblesse ? Gergiev, on le sait, possède un attachement particulier à ce répertoire fin 19ème. Qu’il s’agisse de Mahler, Strauss, Bruckner, c’est toujours un regard juste et organique, proche de la matière, qui émerge. L’enjeu ici était donc peut-être d’apporter une vision encore plus proche de ce qu’aurait souhaité Bruckner, dont on connaît le perfectionnisme, à travers ces images et évocations de la nature, à commencer par les différentes interventions des cors, véritable moteur de l’œuvre. Bien sûr, derrière la coloration et fluidité du discours se cachent aussi la maîtrise des masses, non éloignées de la pratique organistique du compositeur, mais aussi et surtout la compréhension de la structure. En cela, Gergiev magnifie chaque section et les relie avec agilité et fluidité. Les tempi sont justes, permettent de mettre en valeur chaque pupitre et ne subissent aucune perte d’énergie. On saluera aussi une balance remarquable, une sensibilité commune qui ne tombe jamais dans l’excès ou l’extravagance pour des artistes qui font preuve de lucidité et clairvoyance. Et puis, la manière subtile dont Gergiev parvient à revenir vers certains climats et tempi démontre la connaissance sans failles de cette œuvre et ses chausse-trapes. Cette absence de lourdeur – écoutez la manière dont sont amenés les climax et points de culmination - conjuguée à la place laissée aux pupitres, offre ici une lecture colorée, raffinée et dont la place dans une discothèque serait amplement méritée. Il ne reste qu’à souhaiter que ce mariage vraisemblablement heureux se poursuive avec cette exigence répétée.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 8 – Interprétation 10

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