Les Musiciens et la Grande Guerre (9)

par
Guerre

Volume XXII - Maudite guerre
Mélodies de Schreker, Ives, Foerster, Lehar, Puccini, Webern, Pfitzner, Parry, Leoncavallo, de Lize, Korngold, Eisler, Hindemith, Weingartner et Strauss
Fionnuala McCARTHY (soprano), Klaus HÄGER (baryton), Karola THEILL (piano)
2017-Live-65' 40''-Notice en français et en allemand-pas de traduction des textes chantés - Hortus 722

Passons sur une notice hâtive et peu intéressante, ce qui étonne dans cette belle série. Le motif "Maudite guerre" n'est pas expliqué. Côté musical, par contre, on est comblé. Ce CD est le reflet d'un concert donné le 25 octobre 2012 au château d'Osnabrück, durant un congrès consacré à la musique durant la première guerre mondiale. A parcourir la liste des compositeurs retenus, on se rend compte que le récital est très varié, et que les mélodies seront nombreuses. Au nombre de dix-huit, elles offrent une belle facette de l'art mélodique en cette époque si troublée, et dans tous les pays d'Europe, même aux Etats-Unis. Impossible de tout détailler, bien sûr. Partageons quelques coups de coeur. Schreker se révèle violent, Ives pro-belge (In Flander's Fields) et Foerster, digne héritier de Schubert et de Mahler, avec Nacht im Felde. Franz Lehar se retrouve deux fois. Fieber s'intitule fièrement "poème symphonique (la partie de piano est assez développée), et ne dure pas moins de 13' 20''. Tous les sentiments sont exprimés, de la déploration à la lutte, de l'alerte au rêve, et même la marche militaire : on se surprend en effet à reconnaître une citation de la célèbre Marche hongroise de Berlioz. Un page curieuse, vraiment. Autre très beau morceau, un Hymn for Aviators,  d'Hubert Parry, ce qui nous rappelle que Saint-Saëns, lui aussi, avait célébré les aviateurs (choeur Aux Conquérants de l'air). Admirons le bel accompagnement irisé de Das Heldengrab am Pruth, de Korngold, superbement chanté par McCarthy, et où brille le talent de Karola Theill. Déception, par contre, pour la mélodie, en français, de Leoncavallo : La Victoire est à nous, à la poésie très plate. Et, en prime, Klaus Häger la termine en criant de manière désagréable, alors qu'il avait enchanté jusqu'à présent, ce qu'il poursuit par ailleurs dans le fort bel air chinois de Hanns Eisler Der müde Soldat, ou - et, ici, il prend des accents dignes de Fischer-Dieskau - dans le détonnant Schlagt ! Schlagt ! Trommeln ! d'un jeune Hindemith véhément en diable. Il sera rejoint par Fionnuala McCarthy dans le seul duo de ce récital, le charmante ballade Freiheitsgesang, de Felix Weingartner. La soprano irlandaise terminera avec Richard Strauss et son Lied der Frauen, un peu trop tendu pour elle.
Son 9 - Livret 6 - Répertoire 9 - Interprétation 9

Volume XXIII - Dans les services de santé - Le piano mobilisé
Pièces de Jacques Ibert, Roger-Ducasse, Jacques de la Presle, Jean Huré, Albert Roussel, Maurice Ravel, Déodat de Séverac et Charles Koechlin.
Amaury BREYNE (piano).
2017-68'17''-Texte de présentation en français et en anglais- Hortus 723

Contrairement au volume précédent, les notices sont ici fouillées et très intéressantes. Une première liste les compositeurs actifs dans les services de santé, de brancardiers, d'anesthésistes, de chauffeurs... Une deuxième se penche sur les différents styles adoptés à l'époque : chromatisme, atonalité, néo-classicisme, mais aussi recours au folklore. Une troisième enfin, plus anecdotique, traite du "Cercle du soldat", organisation mettant quelques loisirs musicaux : pianos, gramophones... à la disposition des soldats. Bel encadrement littéraire, à déguster avant de passer à l'écoute des huit pièces retenues. Après un joli et volubile Vent dans les ruines, de Jacques Ibert, tout de suite un gros morceau, les Variations sur un choral de Roger-Ducasse, à l'écriture forte et rigoureuse, souvent contrapuntique. Le climat s'estompe dans la douceur et dans le calme. Suivent deux premières mondiales : une petite berceuse de Jacques de la Presle, puis l'imposante Deuxième sonate de Jean Huré (1916). Plus de vingt minutes d'aventures en sens divers, et parfois sous influences debussystes. A 10', une procession lente et douloureuse est accompagnée d'accords au piano qui annoncent presque les deux louanges du Quatuor pour la fin du temps, de Messiaen. Si les miniatures de Roussel (Doute) et de Ravel (Prélude) offrent moins d'intérêt, Les Naïades et le faune indiscret, de Déodat de Séverac, résume tout son auteur, par cette "alternance de rêverie alanguie et de grâce mutine et légère" (Harry Halbreich). La troisième des cinq sonatines de Koechlin, simple et tout droit devant, est écrite dans ce style un peu impersonnel, qui caractérise le compositeur. La comptine récurrente en facilite l'accès. Amaury Breyne, professeur à Tourcoing, joue sur un Steinway de 1906, collabore avec Françoise Choveaux, pianiste qui a enregistré l'intégrale de l'oeuvre de Milhaud, et directrice artistique du présent CD. Son toucher admirable et délicat, met en évidence les bijoux mis à sa disposition  pour cette collection.
Bruno Peeters

Son 9 - Livret 10 - Répertoire 9 - Interprétation 10

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