Musique d'aujourd'hui pour accordéon

par

Secrets
Pärt, Sciarrino, Scelsi, Denisov, Szeghy, Cage
Peter Katina (accordéon)
2017 – DDD – 55’06 Livret en slovaque et en anglais. Hevhetia HU 0145-2-331
Secrets est un album dans lequel l’accordéoniste slovaque Peter Katina interprète six oeuvres récentes, dont cinq ont été écrites par des compositeurs bien connus. La première est le célèbre Annum Per Annum (1980), une oeuvre pour orgue d’Arvo Pärt. Elle consiste en une introduction, cinq variations et une coda. Elle est dédiée au 900è anniversaire de la fondation de la cathédrale de Speyer (Allemagne). La transcription pour accordéon est convaincante. Vagabonde Blue (1998) de Salvatore Sciarrino est par contre une oeuvre originale pour accordéon qui exploite le son des touches “à vide”, dont le rythme est parfaitement intégré aux sons répétitifs : une excellente composition qui se termine par le souffle de l’accordéon sans notes. In Nomine Lucis (1974) de Giacinto Scelsi, à nouveau une transcription d’une pièce pour orgue, évoque l’orgue mécanique accordé en quarts de tons avec ses différents “clusters” (grappes de sons dissonants). Le résultat est moins convaincant : on aimerait entendre l’orgue d’origine. La plus longue pièce de l’album est dûe à Edison Denisov. Les textures polyphoniques illustrent le titre Des Ténèbres à La Lumière (1995). C’est une composition qui demande l’adhésion de l’auditeur. Mais, pour peu que l’on s’y laisse prendre, l’effet est magique et casse tous les préjugés que l’on pourrait avoir sur l’accordéon (bal musette entre autres …). Canticum (2002) est une composition du slovaque Iris Szeghy, pleine de moments expressifs et de techniques qui explorent les limites de l’instrument. Des épisodes énergiques alternent avec des passages melancoliques aux lignes chantantes. Ce sont autant de variations dont le thème est seulement exposé à la toute fin de l’oeuvre. Au fur et à mesure de l’album, on est de plus en plus admiratif de la maîtrise exceptionnelle de l'instrument que possède Peter Katina. Précisons aussi qu’il n’y a aucune difficulté à écouter ces différentes oeuvres. Pour peu qu’on y prête attention, on se laisse embarquer dans une aventure sonore excitante. Le programme du CD se referme sur une composition de John Cage, Souvenir (1983), une musique nostalgique et étonnament consonante, presque sentimentale. Ce compositeur est souvent incompris, mais ô combien important dans l’histoire de la musique récente. Philosophe tout autant que musicien, il a révolutionné la pensée musicale. Cette dernière pièce est sans doute la plus belle de ce superbe album.
Dominique Lawalrée

Son 10 - Livret 7 - Répertoire 9 - Interprétation 10

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