New World Quartets

par

Antonin Dvorak (1841-1904) : Quatuor à cordes en fa majeur, op. 96 – Aaron Copland (1900-1990) : Deux pièces – Hoe-Down – Samuel Barber (1910-1981) : Quatuor à cordes, op. 11 – George Gershwin (1898-1937) : Lullaby – Dave Brubeck (1920-2012) : Regret
Brodsky Quartet
2014-DDD-77’08-textes de présentation en anglais, allemand et français-Chandos Chan 10801

Voyage dans le Nouveau monde avec le Brodsky Quartet qui renoue avec la culture américaine où peu de compositeurs se sont illustrés dans le langage classique. Et aussi curieux que cela puisse paraître, c’est à Dvorak que l’on doit l’émergence de ces compositeurs de talent. Lorsque le compositeur tchèque est en résidence aux Etats-Unis, il écrit une lettre publiée ans le Chicago Tribune où il pose la question : « Chaque nation a sa musique… pourquoi pas une musique américaine ? » Sans copier un style ou un courant, Dvorak s’inspire des thèmes, du système rythmique et de l’inspiration afro-américaine pour créer plusieurs de ses pièces. C’est le cas du Quatuor en fa majeur ou du Quatuor américain. Composé en trois jours et retouché pendant deux semaines, le quatuor se dessine lorsque Dvorak se ballade dans les bois, et il expose ce côté simple, direct où la bonne humeur priment sur l’angoisse. Barber se situe à l’opposé de Dvorak. Il étudie en Italie grâce à son prix de Rome américain et arbore davantage un style européen. Son Quatuor op. 11, composé à Rome, connaît une longue période de gestation. C’est surtout son mouvement lent qui connut un succès considérable, ce qui appuiera la frustration de Barber de voir que bon nombre de ses partitions n’ont jamais connu un tel succès. Copland, élève de Nadia Boulanger, se situe dans la même veine. Les Deux pièces sont un hommage direct à Fauré dont il a d’abord arrangé le Prélude pour piano Op. 103 n°9 pour quatuor à cordes avant de créer un mouvement autonome. On y retrouve malgré tout quelques couleurs américaines jazzy. Avec Hoe-Down, c’est le folklore des cowboys qui nous est présenté : une danse vive et éclatante issue du ballet Rodéo. Enfin, cette gravure rend hommage à un arrangement pour le Brodsky Quartet de Regret, une pièce de Brubeck dont le chromatisme et la basse obstinée font un lien entre la culture jazz et la culture classique.
Historiquement intéressant, cet enregistrement permet avant tout de remettre des pièces peu connues au goût du jour. Avec le Quatuor de Dvorak comme pilier, on se plaît à découvrir des œuvres riches et intensément expressives. Le Quatuor Brodsky rend l’écoute agréable par une parfaite interprétation, tant dans le style que dans l’intention musicale. Les quatre artistes accentuent le travail de la syncope, de certaines dissonances et surtout d’une ambiance par la qualité instrumentale sans faille. Il va de soi que d’autres pièces et d’autres compositeurs mériteraient une telle lecture mais voilà déjà une très belle approche.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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