Othmar Schoeck, LA biographie !

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Othmar Schoeck par Beat Föllmi
Dans cette nouvelle parution, Beat Föllmi, professeur de musique sacrée à l’Université de Strasbourg, propose un parcours détaillé de la vie du compositeur suisse. Avec une thèse de doctorat sur Arnold Schönberg, il se spécialise ensuite sur Schoeck. Editeur, organisateur de colloques, auteur d’articles sur la musique suisse, Föllmi est sans conteste l’acteur principal de la redécouverte d’un compositeur tombé dans l’oubli. Mais qui est Othmar Schoeck ? Né en septembre 1886, Schoeck est issu d’une grande famille suisse. Enfant qui aime la liberté, les voyages, le romantisme alors que les grandes métropoles ne l’attirent guère. Très vite à l’écoute de la musique, sa première composition daterait de 1898. Sa passion pour la liberté et l’insouciance le conduira à détester l’école, source de complications pour l’enfant. Les choix éducatifs de ses parents seront souvent curieux, notamment lorsqu’ils le placent dans une école formant à l’entrée de l’école polytechnique fédérale, avant de s’engager dans la peinture et enfin la musique. Sa rencontre avec Max Reger sera décisive. Attiré par les musiques de Schumann, Johann Strauss, Brahms ou encore Weber, il est invité par Reger à Leipzig pour une formation de compositeur. Alors que Reger espérait faire de Schoeck un compositeur célèbre, les relations entre le professeur et l’élève se détériorent. S’enchaîneront alors complications et péripéties pour l’avenir du jeune compositeur. Schoeck apprécie les soirées entre amis (Schoeckiades) où il impressionnera son public depuis le piano. Cette vie nocturne sera sujette à beaucoup de critiques, en dehors de son entourage qui verra en Schoeck un pur génie, notamment Hans Corrodi, son premier biographe.
Schoeck sera amené à diriger plusieurs formations chorales et orchestrales, mais à l’image de ses relations amoureuses, l’entente avec ces ensembles ne sera pas toujours au rendez-vous. Sa mauvaise organisation l’entraînera dans une spirale dévastatrice et sa réputation en sera fortement affectée. Si Schoeck rencontre Honegger, le Groupe des six, Busoni, Krenek… sa musique reste relativement classique en dehors de l’Elégie. Face à l’œuvre d’un Hindemith au sommet de sa carrière, le compositeur suisse se voit obligé d’innover en matière d’écriture. Entreprise vouée à l’échec. Recommandé par divers grands artistes (Furtwängler, Busoni), Schoeck tente quelques incursions dans les grandes formations de Bâle et Dresde. Maigre succès. Compositeur qui déçoit par son comportement et son attirance pour la liberté, Schoeck perd vite espoir lorsqu’il voit d’autres compositeurs briller à sa place. Il ne parviendra jamais à percer et méprisera les divers prix qu’on lui attribuera (Doctor honoris causa de Zurich) tandis que la critique sera souvent négative, notamment sur ses prétendues amitiés avec des pro-nazis. Alors que sa santé se détériore à partir de 1945, il termine sa vie en arrangeant pour piano plusieurs de ses œuvres. Beat Föllmi propose ici une biographie particulièrement précise accompagnée de divers documents d’époque intéressants. Si certains points paraissent anecdotiques, ce sera pour mieux comprendre le personnage complexe que fut Schoeck. Les chapitres se suivent avec sens et logique et la plume de l’auteur est claire. Petit bémol avec quelques retours en arrière récurrents qui « pourraient » déstabiliser le lecteur. En revanche, aucun prérequis musical n’est utile pour un lecteur non musicien et cela mérite d’être souligné.
Voilà donc un ouvrage de qualité qui rétablira peut-être la vérité grâce à un regard nouveau sur ce compositeur surprenant.
Ayrton Desimpelaere
2013, Edition Papillon, collection Mélophiles, 223 pages

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