Influence croisée entre Venise et la Cour de Dresde : Zefiro tire un feu d’artifice !

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Grand Tour a Venezia. Francesco Maria Veracini (1690-1768) : Ouverture no 6 en sol mineur. Georg Pisendel (1687-1755) : Concerto pour violon no 2 en ré majeur JunP I.7. Antonio Lotti (1667-1740) : Sinfonia de l’opéra Ascanio. Johann David Heinichen (1683-1729) : Concerto pour deux hautbois en mi mineur Seibel 222. Jan Dismas Zelenka (1679-1745) : Ouverture a 7 concertanti en fa majeur ZWV 188. Antonio Vivaldi (1678-1741) : Concerto per l’orchestra di Dresda en sol mineur RV 577. Zefiro. Alfredo Bernardini, direction et hautbois. Paolo Grazzi, hautbois. Lorenzo Cavasanti, Emiliano Rodolfi, flûte à bec. Alberto Grazzi, basson. Cecilia Bernardini, Claudia Combs, Ayako Matsunaga, Monika Toth, Rossella Croce, Ulrike Fischer, Isotta Grazzi, Matilde Tosetti, violon. Stefano Marcocchi, Teresa Ceccato, alto. Gaetano Nasillo, Sara Bennici, violoncelle. Riccardo Coelati Rama, violone. Francesco Corti, clavecin, positif. Evangelina Mascardi, luth. Mai 2021. Livret en anglais, français, italien. TT 66’11. Arcana A534

Une Force du Destin suprêmement musicale

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Vaste salon, table éclairée de chandeliers, portraits d’ancêtres : ce décor sera le seul situé dans l’intimité d’une demeure familiale. Le Marquis de Calatrava y souhaite bonne nuit à sa fille Léonora di Vargas avant que l’irruption de l’amant-ravisseur, Don Alvaro, fils d’un noble espagnol et d’une princesse inca, n’anéantisse en un éclair ce paisible tableau. L’absence d’ouverture, replacée ici après la fuite des jeunes gens, renforce la violence de l’équation : père intransigeant, amant meurtrier malgré lui, jeune fille déchirée entre les deux. 

Réminiscence du Don Giovanni de Mozart, à cette différence près que le frère, Don Carlo di Vargas, incarne à lui seul « la » vengeance. Il réduit de ce fait Leonora à un rôle de victime sacrificielle armée de seules forces spirituelles. En outre, un mélange de néo-paganisme, de religieux « romain » et de romantisme allemand (Schiller) fait finalement basculer l’esthétique générale du côté de Victor Hugo auquel le compositeur avait justement dû renoncer sous la pression de la censure.

L’oeuvre commandée par le Tsar prend alors les proportions du continent : gigantesque errance, dans le temps -presque dix ans-, et dans l’espace -depuis les campements militaires, assemblées de bohémiens, jusqu’aux asiles monastiques et autres ermitages qui font office de tombes-. Intenses mouvements aussi du côté des protagonistes : les héros changent de nom, d’apparence, de genre, d’identité, si bien qu’on ne sait jamais vraiment s’ils sont vivants, morts ou revenants. Proportions monumentales, enfin, de la partition qui juxtapose des scènes bouffes, ironiques, sentimentales, nobles ou totalement intériorisées.

Un disque-livre pour souligner la modernité de Marcel Proust

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Ecrits dans une sorte de langue étrangère. Ludwig Van Beethoven : Trio à clavier en si bémol majeur op. 97 « Archiduc ». Pierre-Yves Macé (°1980) : Les sons n’ont pas de lieu, pour piano à quatre mains et électronique. Charles Heisser (°1998) : Improvisations # 1 et # 2, pour piano. Jean-Frédéric Neuburger (°1986) : Sehr Bestimmt, pour violon. Philippe Leroux (°1959) : VVV, pour violon et piano. Mauro Lanza (°1975) : John Conway in Gondola, pour trio à clavier. Noriko Baba (°1972) : Au pavillon de (Monsieur) Porcelaine, pour trio à clavier et voix. Gérard Pesson (°1958) : Echelle et infusoire, pour piano à six mains ; Portraits de musiciens (d’après Marcel Proust) : Gluck et Schumann, pour récitant et piano. Gabriel Marghieri (°1964) : Céleste balance, clochers, pour orgue. Trio Georges Sand ; Anne-Lise Gastaldi, Maroussia Gentet, Charles Heisser, Kim Béroff, Alice Delmas et Dario Pirone, piano ; Aya Kono et Virginie Buscail, violon ; Gabriel Marghieri, orgue ; Jennifer Tani, soprano. Lecture de textes par les comédiens Loïc Corbery et Clément Hervieu-Léger. 2022. Textes des compositeurs et de Belinda Cannone, Elsa Fottorino, Cyrille Gouyette, François Hartog, Franck Jaffrès, Stephen Paulello, Jérôme Prieur et Nicolas Ragonneau. 96'20'' Un disque-livre de deux CD (livre inséré) Elstir004.

A Genève, un orchestre balte décoiffant ! 

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A quelques jours des fêtes de fin d’année, le Service Culturel Migros invite le Baltic Sea Philharmonic sous la conduite de son chef fondateur, Kristjan Järvi, pour trois concerts à Zürich, Genève et Berne. Cette formation, à nulle autre pareille, a vu le jour en 2008 à l’initiative du Festival d’Usedom, en réunissant une communauté de jeunes musiciens issus de dix des pays nordiques qui bordent la Mer Baltique. 

Sur le plateau, l’on remarque d’emblée l’absence totale de pupitres, car chaque instrumentiste joue par cœur un programme d’une heure et demie, donné sans pause et sans entracte. A part une dizaine de chaises pour les violoncelles, les deux harpes et le célesta, tout ce petit monde déambule sur scène, en se faufilant jusqu’à la rampe si un solo le met en évidence, ou en esquissant quelques pas de danse si la musique y incite. Sous un jeu de lumières virevoltant continuellement comme un kaléidoscope, les chemises de chaque groupe comportent des taches de couleur à l’endroit où l’instrument interagit avec le corps. 

De manière informelle, les musiciens entrent sur le plateau en jouant, laissant à Krystjan Järvi le soin de se frayer un chemin pour donner forme à Ascending Swans, une brève page de sa composition d’après le Chant de louange extrait de la musique de scène de Jan Sibelius pour Svanevit (Le Cygne blanc). Les deux harpes dessinent un pont de transition  nous amenant à Nutcracker reimagined (Casse-Noisette ré-imaginé), symphonie dramatique que le chef estonien a élaborée en déplaçant, voire en réorchestrant, les pages qui lui paraissaient les plus significatives du célèbre ballet de Tchaikovsky. Ainsi, du 1er acte, ne subsistent que l’Ouverture miniature, les scènes concernant l’Arbre de Noël, la Marche et le départ des invités. 

Maîtriser la chaîne de valeur : application à la musique classique avec le San Francisco Conservatory of Music

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Ce fut l’une des annonces "choc" de la semaine dernière même si son écho a été modeste dans notre partie du monde : le San Francisco Conservatory of Music a absorbé l’agence artistique londonienne Askonas Holt. 

Il faut rappeler que Askonas Holt est l’une des principales agences artistiques et l’un des poids lourds du secteur dominé justement par des firmes basées à Londres (Harrison Parrott, Askonas Holt et InterMusica sont les 3 majors du management artistique). Le catalogue d’artistes d’Askonas Holt est impressionnant : 300 musiciens dont plus de 70 chefs d’orchestre…Simon Rattle, Joyce DiDonato,  Angel Blue, Vilde Frang,  Jullia Bullock, Yannick Nézet-Séguin, Cédric Tiberghien, ou András Schiff sont des artistes de cette agence. Cette acquisition majeure, n’est pas la première du San Francisco Conservatory of Music qui sous la houlette de son président David Stull, a déjà acquis l’agence artistique américaine Opus 3 (qui représente également des artistes mondialement connus comme Yo Yo Ma ou Gil Shaham) et le label discographique Pentatone (label de l’année 2020 des ICMA). Cette nouvelle acquisition a fait beaucoup réagir dans le landerneau musical anglo-saxon conduisant à une perplexité devant une stratégie présentée par voie de communiqué de presse  comme cette volonté affichée de “faire avancer la cause de la musique au plus haut niveau dans le monde entier". 

Le  San Francisco Conservatory of Music est certes un établissement hautement réputé, mais il n’a pas encore le cachet légendaire de ses concurrents de la côte Est : la Juilliard School de New York ou le Curtis Institute de Philadelphie. Le  San Francisco Conservatory of Music souhaite-t-il s’attacher les services pédagogiques de grands artistes ? Sans aucun doute, la Californie avec les institutions musicales de San Francisco et Los Angeles, reste un point de passage obligé des grandes carrières musicales et l'un ou l’autre artiste pourra y donner des masterclass. Ce sera tape à l'œil sur Instagram et cela pourra justifier de frais d’inscriptions stratosphériques, comme c’est de coutume sur le marché de l’enseignement supérieur aux USA.

Mais prenons l’équation dans l’autre sens. Avec 2 agences artistiques de niveau mondial et un label international solide, le San Francisco Conservatory of Music leur propose une palette de perspectives : les services d’agences artistiques de part et d’autre de l’Atlantique, des connexions directes avec des grands artistes et les salles de concerts, d’opéras et des festivals du monde entier ainsi qu'un vecteur de promotion et de diffusion à travers un label de musique bien établi et apprécié tant pour ses contenus que la grande qualité de ses prises de son. Autant dire que ce sont des autoroutes pour permettre à de jeunes talents de s’implanter solidement dans le milieu. 

L’Oiseau bleu de Maeterlinck raconté, avec la musique de scène de Humperdinck

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Engelbert Humperdinck (1854-1921) : Der Blaue Vogel, musique de scène d’après le conte de Maurice Maeterlinck, pour narrateur et orchestre ; Sept images symphoniques de ‘Der Blaue Vogel’. Juri Tetzlaff, narrateur ; Rundfunk Chor Berlin ; Rundfunk Sinfonieorchester Berlin, direction Steffen Tast. 2021. Notice en allemand et en anglais. Textes du conte en allemand avec traduction anglaise. 87.56. Un album de deux CD Capriccio C5506.

Bach, Partitas et Suites anglaises, trois nouvelles parutions

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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Partitas no 1 en si bémol majeur BWV 825 & no 4 en ré majeur BWV 828 ; Suites anglaises no 3 en sol mineur BWV 808 & no 5 en mi mineur BWV 810 ; Préludes et Fugues en ut dièse mineur BWV 873, en ré majeur BWV 874, en si bémol majeur BWV 890, en si bémol mineur BWV 891 [Clavier bien Tempéré, Livre II]. Lillian Gordis, clavecin. Livret en français, anglais. Novembre 2020. TT 63’30 + 73’47. Paraty 1521.280

Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Partitas no 3 en la mineur BWV 827 & no 5 en sol majeur BWV 829 ; Suite anglaise no 3 en sol mineur BWV 808. Ignacio Prego, clavecin. Livret en anglais, français, allemand. Décembre 2021. TT 65’24. Glossa GCD 923533

Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Suites anglaises no 1-6 BWV 806-811. Lorenzo Ghielmi, clavecin. Livret en français, anglais, allemand, italien. Juin 2021. TT 72’31 + 75’51. Passacaille 1114

Heinz Rögner en concert : un beau portrait d’un chef trop oublié 

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Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)  : Mer calme et heureux voyage, Op.27 ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) :  Symphonie nᵒ 6 en fa majeur “Pastorale”, Op.68 ; Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie  n°8 “Inachevée” en si mineur, D. 759 ; Quatuor à cordes en ré mineur D. 810 dit « La Jeune Fille et la Mort » (version pour orchestr à cordes) ; Max Reger (1873-1916) : Variations et Fugue sur un thème de Mozart, Op.132 ; Maurice Ravel (1875-1837) : Le Tombeau de Couperin ; Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°6 en la majeur, WAB 106 ; George Gershwin (1898-1937) : Un américain à Paris. MDR-Sinfonieorchester und MDR-Kammerphilharmonie, direction : Heinz Rögner. Enregistrements de concert 1994-2001. Livret en anglais et allemand. 4 CD Genuin. 22742   

Portrait de l’art polyphonique de Johannes Tourout, chantre de l’empereur Frédéric III

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Johannes Tourout (fl. c. 1460) : Adieu m’amour, adieu ma joye ; O generosa nata David ; O gloriosa Regina mundi ; Mais que ce fut secretement ; O castitatis lilium ; O florens rosa ; Fors seulement ; O gloriosa Regina mundi in varia prolationes species ; Magnificat Quarti toni ; Mon œil lamente ; Missa Mon œil [extraits]. Cappella Mariana. Vojtěch Semerád, ténor, vielle, direction. Hana Blažíková, Barbora Kabátková, soprano. Ondřej Holub, ténor. Jaromír Nosek, basse. Jakub Kydlíček, flûtes à bec. Mélusine De Pas, viole Renaissance. Livret en anglais, français, néerlandais ; paroles en langue originale traduite en anglais. Janvier & avril 2021. TT 74’33. Passacaille 1124