Au Concours de Genève, la victoire de Kevin Chen

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Pour sa 76e édition, le Concours de Genève (International Music Competition) avait décidé de mettre à l’honneur le piano et la composition. Au Victoria Hall, le 3 novembre, a eu lieu le concert final réunissant quatre des pianistes sélectionnés (sur 182 participants) avec l’Orchestre de la Suisse Romande dirigé par la  cheffe polonaise Marzena Diakun. Chacun des candidats doit choisir un concerto romantique ou moderne, ce qui explique que deux d’entre eux ont opté pour le Troisième Concerto de Prokofiev.

Le programme débute par le Premier Concerto en mi bémol majeur de Franz Liszt dont l’orchestre affiche la rutilance, ce qui pousse Zijian Wei, artiste chinois de vingt-quatre ans, à enchaîner à tempo rapide des octaves aussi raides que bruyantes qui, par volonté de contraste, se diluent dans un cantabile alangui. Le Quasi Adagio exhibe une sonorité plus concentrée, fluidifiée par le trille qui crépitera ensuite dans un Scherzo où le trait est élaboré avec minutie. Mais le Final tourne à la course poursuite et s’achève par un Più mosso effréné, presque insensé.

Paraît ensuite une Japonaise de vingt-huit ans, Kaoruko Igarashi, qui aborde le Troisième Concerto en ut majeur op.26 de Sergey Prokofiev avec une clarté de jeu qui inscrit chaque passaggio virtuose dans une ligne où les accords à la pointe sèche s’enchaînent avec arpèges et glissandi. Le Tema con variazioni tente d’infiltrer de rêveuses inflexions, perlant sous un canevas orchestral gros sel qui laisse la part belle aux vents ignorant les nuances. Par des sauts d’une extrême précision, le Final s’ouvre en éventail avant de faire chanter chaque motif et conclure par une stretta échevelée.

César Franck, les douze pièces : trois nouvelles parutions, sur de prestigieux Cavaillé-Coll (1/2)

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César Franck (1822-1890) : Six Pièces. Trois Pièces. Trois Chorals. Variations symphoniques en fa dièse mineur [trans. Jörg Abbing]. Symphonie en ré mineur [trans. Heinrich Walther]. Jean-Luc Thellin, orgue. Livret en français et anglais. Décembre 2021 & mai 2022. Coffret quatre CDs TT 60’30 + 64’59 + 50’21 + 65’42. BY Classique BY008

César Franck (1822-1890) : Six Pièces. Trois Pièces. Trois Chorals. Michel Bouvard, orgue. Livret en français et anglais. Février 2022. Coffret deux CDs TT 78’30 + 80’15. La Dolce Volta LDV 113.4

Les Bijoux perdus de Jodie Devos sont des perles enfilées avec un art consommé

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Bijoux perdus. Victor Massé (1822-1884) : Galathée : Air de la lyre. Giacomo Meyerbeer (1791-1864) : Le Pardon de Ploërmel : Air de Dinorah ; L’Etoile du nord : Prière/Barcarolle. Ambroise Thomas (1811-1896) : Le Songe d’une nuit d’été : Cavatine d’Elisabeth et Air d’Elisabeth ; Mignon : Récit et Polonaise de Philine. Fromental Halévy (1799-1862) : Jaguarita l’indienne : Air de Jaguarita. Adolphe Adam (1803-1856) : Le Bijou perdu : Air de Toinon. Daniel-François-Esprit Auber (1782-1871) : Manon Lescaut : Air de Manon ; La Part du diable : Air de Carlo. Jodie Devos, soprano. Flemish Radio Choir ; Brussels Philharmonic, direction Pierre Bleuse. 2022. Notice en français, en anglais et en allemand. Textes des airs chantés, avec traduction anglaise. 64.33. Alpha 877.

Lille fantastique : L’ONL et Alexandre Bloch en forme olympique

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Lille est une ville chanceuse. Non contente d’être la « Capitale des Flandres », le berceau du Général de Gaulle, d’abriter en son sein des joyaux comme la Grand Place, Notre Dame de la Treille ou le LOSC, c’est aussi un véritable phare de la vie musicale française dont les gardiens ont été le légendaire Jean-Claude Casadesus et maintenant le dynamique Alexandre Bloch.

Dynamique c’est le mot ! Quelle énergie, quelle fougue réunies en un seul homme, c’est bluffant pour ne pas dire irrésistible ! Au pupitre, il emporte tout sur son passage. La jeunesse est au pouvoir du côté du Nouveau Siècle mais pas seulement ; il y a aussi une grande finesse et un sens de la nuance qui font des merveilles dans le répertoire français qui était au programme ce vendredi 4 novembre 2022. Vous l’avez déjà compris nous avons passé une excellente soirée en compagnie de l’Orchestre National de Lille.

La soirée débuta avec le Prélude à l'après-midi d'un faune de Claude Debussy. Très vite se dessine ce qui sera les axes forts de ce concert : clarté, transparence et vivacité. Tout s’entend, rien ne nous échappe, c'est formidable ! On monte sereinement vers la lumière à l’image du poème de Mallarmé qui inspira Debussy. La sensualité se diffuse amoureusement grâce à la mélodie de la flûte du faune. C’est une vision dense doublée d’un prodigieux achèvement sonore. On retrouvera cet élan romantique au moment du bis : Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel. Debussy, Ravel…et Berlioz. Le made in France était à l’honneur.

Un Ariodante roboratif au Palau de la Mùsica catalana

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À propos de l’Astarto de Bononcini présenté juste en deux soirées au dernier Festival d’Innsbruck, j’écrivais ici sur les difficultés que rencontre actuellement l’opéra baroque pour trouver une vie sinon paisible, du moins normalisée dans la pratique musicale courante. Généralement conçues pour des ensembles musicaux de moyenne envergure, sans chœurs ou grands orchestres, les maisons d’opéra les programment peu car ils doivent tirer parti de l'ampleur de tous leurs corps stables, mieux adaptés aux ouvrages du XIXe ou XXe siècles. Dans ce sens, on comprend parfaitement l’initiative barcelonaise d’accueillir cette production, actuellement en tournée, en version concert. Ces problèmes sont, hélas, aussi vieux que l’opéra car Händel lui-même transforma quelquefois ses projets d’opéra en différents oratorios par manque de financement scénique… Disons aussi que l’enjeu dramatique n’est pas le principal attrait de cette pièce, remarquable par la beauté et l’émotion prégnante de certains airs. Et la beauté architecturale de cette célèbre salle de concerts peut aider le spectateur curieux de rêves à imaginer des scènes voluptueuses… 

Brahms et Bruckner par Rudolf Kempe à Munich

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Johannes Brahms (1833-1897) : Intégrale des symphonies, Variations sur un thème de Haydn.  Münchner Philharmoniker, Rudolf Kempe. 1974/1975.  Livret en allemand et anglais. 3 CD Profil Hänssler. PH20037

Anton Bruckner (1824-1896) :  Symphonie n°4 en mi bémol majeur dite « Romantique », WAB 104 (version 1878/1880) ;  Symphonie n°5 en si bémol majeur, WAB 105. Münchner Philharmoniker, Rudolf Kempe. 1975/1976. Livret en allemand et anglais. 2CD Profil Hänssler.  PH20038.

Une vision transgressive de vieux classiques… 

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Franz Joseph Haydn (1739-1809) :  Sonate n°16 en Ré majeur, Hob, XVI/14 ; Sonate n°46 en Mi majeur, Hob. XVI/31 ;  Sonate n°38 en Fa majeur, Hob. XVI/23 ; Sonate n°60 en Ut majeur, Hob. XVI/50 ; Sonate n°31 en La bémol majeur Hob. XVI/46 ;  Sonate n°33 en Ut mineur, Hob. XVI/20. Josu de Solaun, piano. 2021. Livret en espagnol et anglais. 2 CD LBS Classical. Lbs5252021.