Première mondiale de la version originale de Matilde di Shabran de Rossini

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Gioachino Rossini (1792-1868) : Matilde di Shabran ossia Bellezza, e cuor di ferro, opéra semiseria en deux actes. Michele Angelini (Corradino), Sara Blanch (Matilde di Shabran), Shi Zong (Raimondo Lopez), Victoria Yarovaya (Edoardo Lopez), Emmanuel Franco (Aliprando), Giulio Mastrototaro (Isidoro), Lamia Beuque (Contessa d’Arco), Ricardo Seguel (Ginardo), Julian Henao Gonzalez (Egoldo/Rodrigo) ; Gorecki Chamber Choir ; Passionart Orchestra, direction José Miguel Pérez-Sierra. 2019. Notice (avec synopsis) en anglais et en allemand. Pas de livret. 197.26. Un coffret de 3 CD Naxos 8.660492-94.

Dudamel à l'heure Ives

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Charles Ives (1874-1954) : intégrale des symphonies. Los Angeles Master Chorale, Grant Gershon ; Los Angeles Philharmonic Orchestra, Gustavo Dudamel ( Marta Gardolińska : cheffe additionnelle dans la Symphonie n°4). 2020. Livret en anglais. 124’27. DGG. 00289 483 9502

Ludford, la Missa Sabato : redécouverte créative, intimiste et rayonnante avec La Quintina

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Heavenly Songes. Nicholas Ludford (c1490-1557) : Missa Sabato. Anonyme : Deo Gracias anglia ; Edi beo thu hevene quene ; There is no rose ; Abide I hope. La Quintina. Christophe Deslignes, orgue portatif ; Esther Labourdette, cantus ; Sylvain Manet, altus ; Jérémie Couleau, tenor et direction. Avril 2019. Livret en français, anglais. Paroles des chants en langue originale et traduction bilingue. TT 60’47. Paraty 220191

Ross Harris rend un hommage symphonique aux souffrances des soldats

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Ross Harris (°1945) : Symphonie n° 6 ‘Last Letter ‘, pour mezzo-soprano et orchestre ; Face, pour soprano, ténor, baryton, chœur et orchestre. Fiona Campbell, mezzo-soprano ; Allison Bell, soprano ; Henry Choo, ténor ; Joel Amosa, baryton ; Voices New Zealand Chamber Choir ; Auckland Philharmonia Orchestra, direction Giordano Bellincampi (symphonie) et Antony Hermus (Face). 2016 et 2018. Notice en anglais ; textes chantés insérés. 65.03. Naxos 8.573994.

Thaïs à Monte-Carlo

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C'est un privilège d'assister en ces temps de pandémie à la représentation d'un opéra avec un vrai public dans la salle.  Ce miracle a lieu à Monte-Carlo dans la légendaire  salle Garnier

Si tous les mélomanes connaissent la “Méditation” pour violon et orchestre de Thaïs de Jules Massenet, l’opéra complet reste une rareté sur scène ! La discographie n’est pas des plus exhaustives et cette partition n'a plus été jouée à Monte-Carlo depuis 1950.

Jean-Louis Grinda signe la mise en scène de cette nouvelle production, qui réunit tous les éléments pour en faire un spectacle total. Une distribution prestigieuse avec les plus belles voix du moment, des décors et costumes éblouissants, une mise en scène surprenante. On est transporté dans un univers rappellant les tableaux noirs du peintre Pierre Soulages. Tout en respectant la partition et le livret, on assiste à une représentation intemporelle, mêlant l'Antique à la Belle Epoque, tel un jeu de miroirs et de projections. Les images vidéo réalisées par Gabriel Grinda illustrent parfaitement les moments forts de l'action : ainsi durant la "Méditation", une vidéo en noir et blanc avec une belle image d'eau bénite coulant de son réceptacle, illustre le moment où les rêves de Thaïs passeront d’un baptême imaginaire à l’érotisme le plus sensuel pour se conclure par l’assassinat sauvage d’une femme libre.

Le chef d'orchestre Jean-Yves Ossonce est un grand spécialiste du répertoire français du XIXème siècle est aux commandes. Il déploie avec le remarquable Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et le Chœur de l’opéra de Monte-Carlo toute la richesse, les couleurs et toutes les nuances de la partition. La “Méditation” sous les doigts de Liza Kerob, premier violon de l'orchestre, est un moment d'émotion intense.

Récital de clavecin contemporain, en solo ou avec électroacoustique

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« Musique ? » Modern and electro-acoustic works for harpsichord. Tōru Takemitsu (1930-1996) : Rain dreaming ; Henry Cowell (1897-1965) : Set of four ; Kaija Saariaho (*1952) : Jardin secret II ; Gavin Bryars (*1943) : After Handel's Vesper ; Anahita Abbasi (*1985) : Intertwined distances ; Luc Ferrari (1929-2005) : Programme commun « Musique socialiste ? ». Mahan Esfahani, clavecin. Livret en anglais, français, allemand. Juillet 2019. TT 79’52. Hyperion CDA68287

L’Ange de feu de Prokofiev dans la mise en scène romaine d’Emma Dante

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Serge Prokofiev (1891-1953) : L’Ange de feu, opéra en cinq actes, op. 37. Ewa Vesin (Renata), Leigh Melrose (Ruprecht), Anna Victorova (L’aubergiste), Mairam Sokolova (La diseuse de bonne aventure, La Mère supérieure), Sergey Radchenko (Agrippa de Nettesheim), Andrii Ganchuk (Faust, Le Serviteur), Maxim Paster (Méphistophélès), Goran Juric (L’Inquisiteur), Domingo Pellicola (Jacob Glock), Petr Sokolov (Mathias Wiesmann) ; Chœurs et Orchestre de l’Opéra de Rome, direction Alejo Pérez. 2019. Notice (avec synopsis) en anglais et en italien. Pas de livret. Sous-titres en anglais, allemand, italien, japonais et coréen. 133.00. Un DVD Naxos 2.110663. Aussi disponible en Blu Ray.

Dossier Schumann (I) : le symphoniste

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Crescendo Magazine reprend l'un de ses grands succès : le dossier Schumann qui avait été publié dans ses éditions en papier. La première étape de ce parcours est une évocation de Schumann en symphoniste par Harry Halbreich.

L'orchestre de Schumann: quel abondant sottisier au dictionnaire des idées reçues!… Il ne savait pas orchestrer, il manquait de formation et de connaissances en la matière, son orchestre sonne mal, regorge de gaucheries et de maladresses… Holà, un peu d'ordre dans tout cela! Et tout d'abord, s'il est exact que Schumann compositeur fut presque un autodidacte, si ses études d'écriture, tôt interrompues, ne durèrent qu'une année, rappelons que l'orchestration ne fit pas partie du curriculum des conservatoires avant le vingtième siècle, que cela s'apprenait "sur le tas", et que personne, et pour cause, n'a jamais pu lui reprocher de manquer de maîtrise du contrepoint ou de l'harmonie. 

Il est vrai que l'on naît avec le don de l'écriture orchestrale, et que Schumann, dans ce domaine, n'eut jamais l'éclat et l'audace d'un Berlioz, ni la parfaite élégance et la transparence de son ami Mendelssohn. Mais il admira sa vie durant, avec une pointe d'envie, la prodigieuse aisance et la facilité d'écriture de ce dernier, sans égale depuis Mozart. Et quant à Berlioz, la palette expressive de Schumann n'appelait ni ne nécessitait des couleurs comparables. Et puis, Berlioz et Mendelssohn furent sans doute les plus grands chefs d'orchestre professionnels de leur temps, alors que l'activité, d'ailleurs tardive, de Schumann dans ce domaine devait s'avérer paradoxalement plutôt un obstacle qu'un adjuvant, comme nous le verrons. Il reste que l'orchestre de Schumann est très exactement celui de sa musique, et non point quelque brillant habit extérieur et autonome, comme chez Rimsky-Korsakov, par exemple. Il est difficile à bien faire sonner et exige des chefs d'orchestre particulièrement sensibles et attentifs? Certes, mais il ne "sonne" certainement pas plus mal que celui de Brahms, et nettement mieux que celui de César Franck. Au vingtième siècle, celui d'Arthur Honegger, et surtout de Paul Hindemith, posent des problèmes semblables: compacité, voire opacité, excès des "doublures", empâtement des registres graves, autant de défauts évidents. Oui, l'orchestre de Schumann est un orchestre qu'il faut "aider". Mais en commençant par respecter ses exigences propres.

Prenons pour modèle l'Orchestre que dirigeait Mendelssohn, celui du Gewandhaus de Leipzig, pour lequel les œuvres de Schumann ont été conçues au départ. Nous avons des documents tant écrits que picturaux en la matière: trente à trente-cinq archets au maximum, jouant debout, et avec des cordes en boyaux, un total de cinquante à soixante instrumentistes. Respectez ce nombre, respectez les sonorités d'époque, et tout soudain nous aurons les nuances, les dégradés, les couleurs auxquelles nos modernes philharmonies à seize premiers violons à cordes de métal, nos cuivres volumineux, voire épais, nos contrebasses-éléphants ne peuvent atteindre. On a compris depuis quelques décennies la nature du problème pour la musique baroque, puis classique. S'il ne saurait être question de jouer Schumann avec les effectifs de Vivaldi ou de Haydn, des formations comme l'Orchestre Romantique et Révolutionnaire, l'Orchestre des Champs-Elysées ou l'Age of Enlightment ont permis de retrouver les couleurs et l'équilibre sonore auxquels pensait Schumann, au plus grand bénéfice de sa musique.