Mélodies et musique de chambre d’Alfred Bruneau, l’ami de Zola

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Alfred BRUNEAU (1857-1934) : Chants antiques, cycle de dix mélodies sur des poèmes d’André Chénier ; Plein air, dix poèmes pour chant et piano sur des poèmes de Théophile Gautier ; Un Miracle et Soirée, poésies de Richepin ; La Nuit de mai, mélodrame pour harpe, quatuor à cordes et récitant, sur un texte d’Alfred de Musset ; Romance pour violon ; Fantaisie pour cor ; Romance pour alto ; Deux morceaux de genre pour violoncelle et piano ; Romance pour quatuor de clarinettes ; Prélude de l’Enfant-Roi, transcription pour piano d’Alfredo Casella. Cyrille Dubois, ténor ; Jeff Cohen, piano ; Vincent Figuri, récitant ; Quatuor Varèse ; Quatuor Anches Hantées ; Marie Normant, harpe ; Jens McManama, cor. 2020. Livret en français et en anglais. Textes des poèmes reproduits en français. 96.19. Salamandre 002 (un album de 2 CD).

Soir païen : flûte, voix et piano dans la génération Debussy

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Soir païen. Philippe GAUBERT (1879-1941) : Soir païen, pour voix, flûte et piano. Jacques IBERT (1890-1962) : Deux Stèles orientées, pour voix et flûte. André CAPLET (1878-1925) : Une flûte invisible, pour voix, flûte et piano ; Ecoute mon cœur, pour voix et flûte. Maurice EMMANUEL (1862-1938) : Trois Odelettes anacréontiques op. 13, pour voix, flûte et piano. Maurice RAVEL (1875-1937) : Shéhérazade : La Flûte enchantée, pour voix, flûte et piano. Charles KOECHLIN (1867-1950) : Sonate pour deux flûtes op. 75. ; Poèmes d’automne op. 13 : Le Nénuphar, pour voix, flûte et piano. Albert ROUSSEL (1869-1937) : Deux Poèmes de Ronsard op. 26, pour voix et flûte ; Les Joueurs de flûte op. 27 pour flûte et piano. Maurice DELAGE (1879-1961) : Hommage à Roussel, pour voix, flûte et piano. Claude DEBUSSY (1862-1918) : La Flûte de Pan (Syrinx), pour flûte et narrateur. Georges HÜE (1858-1948) : Soir païen, pour voix, flûte et piano. Alexis Kossenko, flûte ; Anna Reinhold, mezzo-soprano ; Emmanuel Olivier, piano ; Sabine Devieilhe, soprano ; Magali Mosnier, flûte. 2020. Livret en français et en anglais. Textes des poèmes en français, traduits en anglais. 68.00. Aparté AP227.

Le Wanderer ou l'Esthétique de la distance (4) : Schubert ou l'Esthétique de la distance

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Si l'on avait dit à sa bande de copains qu'il serait associé au voyageur,  Schwind (le peintre), Hüttenbrenner (le frère du librettiste), Vogl (le chanteur), Schober (le poète), Spaun (l'ami de toujours) et les autres auraient été sidérés. Franz Schubert lui-même s'en serait amusé car il n'y a pas plus sédentaire compositeur que lui dans toute l'histoire de la musique, ou presque.

Né à Vienne, mort à Vienne (à l'âge de trente et un ans), il ne quitta la capitale que deux fois, pour la Hongrie (chez le comte Esterhazy), et de rares étés avec Vogl, près de Steyr ou dans le Salzgamergut.

Chez les Esterhazy, en 1818, il est un valet de musique, composant à volonté, donnant des leçons de piano aux deux jeunes filles de la maison, et lutinant la servante, Pepi. Lorsqu'il y revient en 1824, sa réputation l'autorise à prendre ses repas avec les maîtres, à composer moins, et à tomber follement amoureux de la fille cadette, Karoline.

Avec Vogl, le voyage ne manque pas de confort. Le chanteur est riche, reconnu, adulé des mélomanes. Imaginez-vous voyager avec Ruggiero Raimondi...

Jean-Luc Tingaud, César Franck et les trésors de la musique française 

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Le chef d'orchestre Jean-Luc Tingaud publie un enregistrement consacré à César Franck. Primé d'un Joker Absolu de Crescendo, cet album propose, entre autre, la merveilleuse Psyché, l'un des plus grands chefs d'oeuvre du compositeur franco-belge. À cette occasion, le chef d'orchestre revient sur la place de César Franck dans l'Histoire de la musique et sur son parcours discographique exemplaire au service de la musique française.

Vous avez enregistré pour Naxos différentes partitions de compositeurs français : Bizet, d’Indy, Poulenc, Dukas et Franck. Comment déterminez-vous ces compositeurs et ces programmes ? 

J’avais eu un premier contact avec Naxos quand j’étais assistant de Manuel Rosenthal. Yves Riesel, qui à l’époque dirigeait Naxos France, m'avait envoyé à Monte-Carlo aider Rosenthal pour le disque Gaîté Parisienne. Puis au cours de ma carrière de chef d'opéra, un enregistrement sur le vif de la radio allemande SWR du festival Rossini in Wildbad du Siège de Corinthe parut chez Naxos et remporta un grand succès. Alors Klaus Heymann, directeur de Naxos, me proposa de démarrer une série de musique symphonique française. Je remarquai que nombre de grandes symphonies manquaient à leur catalogue. C’est ainsi que nous avons commencé à explorer ce répertoire qui me passionne au plus haut point. J’étais chef invité régulier de l’orchestre national de la radio de Dublin RTE qui selon moi a des couleurs parfaites pour la musique française. Puis quelques années plus tard, nous avons transféré les micros à Glasgow avec le somptueux orchestre Royal d’Ecosse.

Le Wanderer du voyage à l'errance (1) : les musiciens voyageurs de la Renaissance

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Tout au long du XXe siècle, notre société n'a cessé de développer des moyens de communication physiques et intellectuels de plus en plus performants. Transporté à grande vitesse et dans le plus grand confort sur terre, sur mer et dans les airs, l'homme moderne a fait de la terre son jardin. De même, grands communicateurs et autres cybernautes nous abreuvent de certitudes sur les réalités et les avantages de ce monde branché sur lui-même, dont ils célèbrent les vertus, quitte à rejeter les siècles passés dans un obscurantisme plus ou moins aggravé. 

Paradoxalement, cet enthousiasme ne semble pas transposable aux milieux artistiques, qui n'ont sans doute jamais éprouvé autant de difficultés à inscrire leur création dans le courant de la vie sociale et culturelle de leur époque. Combien d'oeuvres musicales aujourd'hui ne sont pas ou peu jouées, voire tout simplement pas éditées? Sur tous ces plans, les compositeurs de la Renaissance peuvent en remontrer à leurs infortunés collègues. C'est en effet en totale osmose avec les données sociales, culturelles et politiques de leur siècle que ces hommes développent une activité souvent brillante et foisonnante. Triomphant des incertitudes du temps et des problèmes relatifs au manque d'infrastructures et de moyens de transport performants, ils renoncent à toute sédentarité. Ils voyagent à travers l'Europe, parfois à un rythme fort soutenu, avec une destination privilégiée: la péninsule italienne. 

Le Wanderer du voyage à l'errance (2) : Mendelssohn et ses impressions de voyage

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Le voyage d'agrément, autrement dit le tourisme, est un phénomène de civilisation relativement récent, vieux d'à peine deux siècles. Il a fallu attendre pour cela que le niveau de vie général augmente, et surtout que les conditions matérielles du voyage s'améliorent. Si les Anglais ont voyagé ainsi les tout premiers, c'est à la fois parce que leur pays était le plus développé de l'époque économiquement parlant et parce sortir de leur île s'imposait sans doute davantage que de franchir une simple frontière continentale. Inauguré à une échelle encore très modeste cinquante ans environ avant l'apparition des premiers chemins de fer, le tourisme devait évidemment se développer considérablement au fur et à mesure que l'Europe se couvrait de voies ferrées. Mais pendant plus d'un siècle encore, il demeura l'apanage d'une minorité de privilégiés par l'argent.

De cette minorité faisait partie un jeune homme heureux et génialement doué, qui méritait bien son prénom, Félix Mendelssohn. Son brave et généreux banquier de père lui offrit ainsi plusieurs voyages, dont certains seulement, notamment deux séjours à Paris, avaient un but strictement professionnel.

Le Wanderer du voyage à l'errance (3) : Hector Berlioz en Italie

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Berlioz, ce "Français des montagnes", était presque un Français du Midi: son Dauphiné natal jouxte le Piémont, il suffit de franchir les Alpes. 

Or, la présence de l'Italie dans son oeuvre, tant par les sujets choisis que par le langage même de cette musique, est tout à fait extraordinaire, et n'a peut-être pas été assez soulignée jusqu'ici. Certes, son orchestration éblouissante et transparente ruisselle de soleil méridional, mais surtout son langage harmonique, tout imprégné de modalité, frappe par sa latinité profonde face à celui de ses contemporains les Romantiques allemands et son melos la confirme. Avant même son unique grand voyage en Italie, son véritable culte pour Virgile, remontant à son enfance, et qu'il lisait évidemment dans le texte, comme tous les hommes cultivés de son siècle, le prédisposait à aimer ce pays. Et pourtant il n'y séjourna qu'une seule fois, à la faveur de son Prix de Rome, durant une quinzaine de mois.

Quittant Paris en février 1831, il s'embarqua à Marseille pour Livourne, et arriva à Rome le 10 mars environ. Son séjour à la Villa Médicis fut interrompu une première fois en avril-mai par sa folle équipée suscitée par l'annonce de la "trahison" de la belle Camille Moke, qu'il avait laissée à Paris en quasi-fiancée. Parti pour la tuer, et se tuer après, il recouvra ses esprits à Nice seulement (qui n'était pas encore française à l'époque) et rebroussa chemin, visitant Gênes et Florence au passage. L'été fut consacré à d'extraordinaires randonnées à pied au coeur des montagnes sauvages des Abruzzes, peuplées de brigands, puis à Naples. Le 2 mai 1832, il quitta définitivement Rome et regagna le Dauphiné en passant par Pérouse, Florence, Arcole, Milan et Turin. Il ne devait jamais plus mettre le pied en Italie.