Paradoxes bataves

par

Willem JETHS
(° 1959)
Symphonie n° 1 pour orchestre et mezzo-soprano–Recorder Concerto
Karin STROBOS (mezzo-soprano), Erik BOSGRAAF (recorder), Netherlands Radio Philharmonic Orchestra, dir. : Edo de WAART
DDD–2015–57’ 38’’–Texte de présentation en anglais–Challenge Classics CC72693

Dans le domaine musical, la Hollande est un pays paradoxal. Elle possède sans conteste quelques-uns des meilleurs orchestres du monde, à commencer par le prestigieux Concertgebouw d’Amsterdam, ainsi que de remarquables interprètes (qu’on songe à Willem Mengelberg ou à Bernard Haitink), mais en même temps, elle n’a vu naître aucun compositeur qui jouit d’une grande renommée internationale et dont les œuvres seraient régulièrement jouées en dehors de ses frontières. Willem Pijper, Henk Badings, Hendrik Andriessen ou encore son fils Louis Andriessen sont ainsi des compositeurs de qualité, mais ils ne sont connus que des spécialistes et des mélomanes cherchant à sortir des sentiers battus.
Bien qu’il ait déjà écrit de nombreuses œuvres depuis 1990 (dont un opéra, Hôtel de Pékin, en 2008), Willem Jeths ne l’est pas davantage, et ce disque donne l’occasion de le découvrir à travers deux de ses opus les plus récents : une symphonie en quatre mouvements, la première à laquelle il se soit attaqué en 2012, et un concerto datant, lui, de 2014. Deux opus assez sombres, à l’intersection du néoclassicisme, du sérialisme de stricte obédience et d’une certaine polytonalité avant-gardiste – celle qu’on rencontre notamment chez György Ligeti et même parfois chez Wolfgang Rihm. Avec la présence d’une mezzo-soprano, la Symphonie n° 1 ne manque pas d’attrait, quoiqu’elle soit dépourvue d’idées musicales tout à fait nouvelles. Willem Jeths a du talent, c’est incontestable, mais on doute que les deux œuvres enregistrées ici, sous la direction de l’excellent Edo de Waart, fassent largement briller son nom ailleurs qu’aux Pays-Bas.
Jean-Baptiste Baronian

Son 6 – Livret 6 – Répertoire 6 – Interprétation 7

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