Penderecki : le goût du concerto

par

Krzysztof PENDERECKI
(° 1933)

Concerto pour violon n° 1–Concerto pour alto
Konstanty Andrzej KULKA (violon), Robert KABARA (alto), Polish Sinfonia Iuventus Orchestra, dir. : Krzysztof PENDERECKI et Maciej TWOREK
DDD–2014–63’ 22’’–Texte de présentation en polonais et en anglais–DUX 1185

Penderecki2Concerto pour clarinette–Concerto pour flûte–Concerto grosso n° 1 pour trois violoncelles et orchestre
Michel LETHIEC (clarinette), Lukasz DLUGOSZ (flûte), Arto NORAS (violoncelle), Bartosz KOZIAK (violoncelle), Rafal KWIATKOWSKI (violoncelle), Polish Sinfonia Iuventus Orchestra, dir. : Krzysztof PENDERECKI
DDD–2104–77’ 06’’–Texte de présentation en polonais et en anglais–DUX 1186

Longtemps considéré comme un compositeur iconoclaste et comme l’enfant terrible de la musique polonaise, Krzysztof Penderecki a progressivement abandonné ses audaces orchestrales et lyriques (présentes par exemple la monumentale Passion selon saint Luc) et, à partir de la fin des années 1970 et au début des années 1980, il s’est mis à écrire des œuvres qu’on pourrait qualifier de plus « traditionnelles », empreintes en général de lyrisme, et même de néoromantisme. Cette métamorphose, elle apparaît surtout dans ses divers concertos, un genre qu’il affectionne beaucoup et dont un des meilleurs exemples est le Concerto pour violon datant de 1977, une œuvre d’un seul mouvement qui dure plus de quarante minutes et qui, d’après certains commentateurs, confine au pathos. Et de fait, il y a ici de fréquentes et longues séquences sentimentales, un peu comme si Krzysztof Penderecki s’était laissé guider par son instinct créateur et n’avait voulu que s’épancher – des traits qui affleurent aussi dans le Concerto pour alto composé, lui, en 1983, mais divisé en sept parties d’inégales longueurs. Sans être exceptionnelle, cette œuvre fait depuis sa création le bonheur des altistes, trop souvent négligés par les compositeurs (contrairement aux violonistes et aux violoncellistes), en l’occurrence le bonheur de Robert Kabara, un habitué du label DUX. Son interprétation, tout en intériorité, est des plus délicates.

Son  8  –  Livret  5  –  Répertoire  7  – Interprétation  8

Ce second disque (dont la présentation est identique au précédent) regroupe trois autres concertos de l’auteur : le Concerto pour clarinette (1983), le Concerto pour flûte (1992) et le Concerto grosso pour trois violoncelles et orchestre (2001). En réalité, le premier est une transcription du Concerto pour alto (donc sept parties) Les écouter l’un à la suite de l’autre a quelque chose d’insolite, d’autant que la version pour clarinette est légèrement plus courte et qu’elle donne l’impression d’être moins lyrique. Encore qu’il soit absurde de comparer ces deux instruments… En ce qui le concerne, le Concerto pour flûte, divisé en six parties, combine assez bien diverses textures sonores et, avec trois mouvements enjoués (piu animato, allegro con brio et vivace) ressemble presque à une récréation musicale. Mais c’est sans conteste le Concerto grosso n° 1 pour trois violoncelles et orchestre qui est l’œuvre la plus intéressante de ce disque, Krzysztof Penderecki recourant à quelques audaces rythmiques fort bien venues et parvenant, par le jeu subtil et la combinaison plutôt rare des trois violoncelles, à séduire à tout moment l’auditeur. En quatre mots comme en cent : de la belle ouvrage.

Son  8  –  Livret  5  –  Répertoire  8  – Interprétation  8
Jean-Baptiste Baronian 

Les commentaires sont clos.