Perséphone de Stravinsky selon Salonen

par

Igor Stravinsky (1882-1971) : Perséphone. Andrew Staples, ténor ; Pauline Cheviller, narratrice. Finnish National Opera Chorus, Children’s Chorus & Orchestra, direction : Esa-Pekka Salonen. 2017-DDD-Livret en anglais, allemand et français. Texte chanté en français, traduction en anglais et allemand. 1 CD Pentatone. PTC 5186 688

La Perséphone de Stravinsky fait figure de mal aimée dans l’oeuvre du compositeur du Sacre du Printemps. Caractéristique de la période néoclassique des années 1930, cette oeuvre hybride se mérite.

Musique de scène en forme de mélodrame, cette partition nécessite outre un grand orchestre, un choeur mixte et un choeur d’enfants complétés d’un ténor solo et d’un rôle de récitante. L’accouchement de la partition fut assez difficile tant la collaboration entre le compositeur et l’écrivain André Gide, auteur du texte, s’avéra tendue en raisons de points de vues artistiques difficilement conciliables, Stravinsky eut le dernier mot et Gide en fut fâché au point de boycotter la première ! La musique ne possède certes pas le naturel chorégraphié esthétisant du ballet Apollon Musagète ou le hiératisme granitique d’Oedipus Rex, mais sa finesse ciselée sonne tel un travail au poinçon sur un marbre prestigieux. C’est une beauté plutôt froide, mais une grande beauté. Que l’auditeur ne s’attende pas à une immédiate révélation, Perséphone ne s’apprécie que dans sa globalité qui permet de se familiariser avec le geste musical, tout à l’économie, du compositeur. Stravinsky flatte ici l’esprit et non les sens.

Perséphone est indubitablement une oeuvre de chef stravinskien car il faut connaître les moindres recoins des partitions du maître pour transcender toutes ses exigences ! Kent Nagano (dans l’un de ses tout premiers disques chez Virgin), Michael Tilson-Thomas (RCA), et désormais Esa-Pekka Salonen en ont gravé des grandes lectures. Tout mélomane connaît les liens qui lient le chef finlandais Esa-Pekka Salonen à Stravinsky dont témoignent de nombreux enregistrements. Il sait faire ressortir la sève moderniste de cette partition au pupitre d’un orchestre de l’opéra de Finlande très mat de timbres, ce qui colle parfaitement à la vision du chef. Les choeurs finnois sont excellents tout comme le ténor Andrew Staples et la narratrice Pauline Cheviller.

Le produit éditorial Pentatone est, comme toujours, premium, et il contribue à faire de cet enregistrement une référence dans notre connaissance de l’oeuvre de Stravinsky.

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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