Pierre Hantaï et le Concert Français à Bruxelles

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Une soirée festive, entièrement consacrée aux oeuvres pour plusieurs clavecins de Jean-Sébastien Bach. Outre deux des concertos pour deux clavecins et les deux concertos pour trois clavecins, Pierre Hantaï nous proposa ses propres transcriptions à plusieurs clavecins de chorals pour orgue. Si l'ampleur sonore limitée des instruments ne put prétendre restituer toute la plénitude de l'orgue, on apprécia toutefois un travail d'ornementation particulièrement étudié et délicat. Les concertos furent joués avec toute l'élégance et la mesure françaises que l'on pouvait imaginer. Un ensemble limité à l'essentiel (deux violons, un alto et un violone), le fameux Concert français, permit de conserver en permanence un assez bon équilibre entre solistes et accompagnement. Nous aurions aimé cependant ressentir le véritable vertige que savait engendrer un Leonhardt dans ces pages. Ici, la touche très hexagonale et cartésienne apportée par Hantaï et ses collègues brida quelque peu la souplesse et la fluidité de ce flot virevoltant de musique. Ce Bach linéaire, sans guère de nervure, a d'ailleurs dû en agacer plus d'un puisqu'un grand nombre de sièges furent laissés libres après l'entracte. Quelques maniérismes et «tics», qui semblèrent venus tout droit d'une fréquentation assidue de l'oeuvre d'un Couperin ou d'un Rameau, nous ont sans doute éloignés des sentiers si particuliers à cette musique. Mais est-ce le charme indestructible de ces partitions ou la splendeur des instruments sélectionnés, l'écoute en fut malgré tout très réjouissante. Et tant pis pour les quelques hésitations qui ébranlèrent ici et là un discours dense et virtuose, dans un tempo sans doute trop serré et égal.
Bernard Postiau
Bruxelles, Conservatoire, le 22 octobre 2012

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