Première soirée : Découverte de l'imposé ou Claude Ledoux questionne votre imaginaire

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C'est donc le compositeur belge, Claude Ledoux qu'on ne présente plus qui livre la redoutable partition de l'imposé a Butterfly's Dream. Une œuvre qu'il a voulu sensuelle, lyrique et coloré dans le style français. L'ombre de Ligeti, ancien professeur de Ledoux plane également au-dessus de ces pages redoutables.

Yoonji Kim
Yoonji Kim

Jan Michiels qui a enregistré ce concerto et que la presse a pu entendre en primeur sur le coup de 17h30 a confirmé la difficulté de cet imposé. Le monter en 6 jours est un réel challenge pour les douze valeureux finalistes. C'est à Yoonji Kim que revient l'honneur de la création devant le couple royal. Cette pianiste nous vient de Séoul et est une élève de Markus Groh à Berlin. Dans une resplendissante robe rouge, sa vision du papillon de Ledoux est colorée et investie. Elle montre un aplomb certain et un jeu coloré. Elle a pris sa part de liberté dans le choix des tempi globalement plus lents que ceux indiqués par le compositeur. L'oeuvre est belle, bien équilibrée. Ledoux cite quelques clichés qui évoquent instantanément le pays du soleil levant. Si Yoonji Kim séduit dans un terrain encore vierge elle va malheureusement décevoir dans le concerto de Liszt. Elle a voulu empoigner les premières mesures tambour battant mais elle multiplie les bavures. C'est donc malheureusement un Liszt crispé qu'il nous aura été donné d'entendre. Les poignets sont trop systématiquement bloqués et le jeu est trop vertical. La sensualité qu'elle avait laissé entrevoir dans l'imposé ne semble plus pouvoir s'exprimer. Il faudra attendre le scherzo pour que son jeu pétillant fasse éclat. Le finale malheureusement ne décollera pas. Il n'est pas certain que Liszt était un bon choix pour elle. Chopin aurait pu lui convenir à merveille.

Atsushi Imada
Atsushi Imada

Atshushi Imada est incontestablement un pianiste intelligent. Sa lecture de l'imposé contraste avec la version de Kim. Il se distingue par beaucoup de recherche sonore, un toucher de qualité, une grande écoute et une pédalisation raffinée. La matière sonore est riche et intense. Sa prestation est sérieuse. Il reste extrêmement concentré sur la partition mais de ce fait aussi, les climax manque un peu d'éclat et de brio. Il est par contre totalement libéré et à l'aise dans un second concerto de Prokofiev de très belle facture. Il est globalement très réussi. L'ONB joue plutôt bien et Marin Alsop est touchante par la manière dont elle se met au service des candidats. Le premier mouvement est à la fois intense et tragique. Mention spéciale pour le redoutable second mouvement qui fait toujours son effet. Imada est brillant, jamais agressif, musicien et intelligent mais il lui manque peut-être cette petite dose de folie et d'originalité qui pourrait en faire le favori du concours.

Michel Lambert, le 23/05/2016, Palais des Beaux-Arts

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