Profondeur et légèreté d’Alexandre Tharaud et Bernard Labadie

par

Wolfgang Amadeus MOZART (1756 – 1791)
Concerto pour piano et orchestre numéro 9 Jeunehomme K. 271 en mi bémol majeur - Rondo pour piano et orchestre K. 386 en la majeur - Air de concert Ch’io mi scordi di te ?... Non temer, amato bene K. 505
Joseph HAYDN (1732 – 1809)
Concerto pour piano et orchestre Hob, XVIII : 11 en ré majeur
Alexandre THARAUD, piano, Joyce DIDONATO, mezzo-soprano, Les Violons du Roy, orchestre, Bernard LABADIE, chef d’orchestre
2014 – DDD – 70’56 – Livret en français, anglais et allemand - ERATO

Le nouvel enregistrement d’Alexandre Tharaud se démarque des précédents dans le sens qu’il s’agit là du genre concertant avec orchestre. Construit autour du concerto Jeunehomme de Mozart, le pianiste français a joint d’autres œuvres de Mozart et de Haydn dans un esprit assez proche. La collaboration entre Bernard Labadie et Alexandre Tharaud est celle d’une profonde entente musicale où le piano soliste et l’orchestre vont et viennent sur les mêmes chemins dans une parfaite harmonie. La clarté et la rapidité des mouvements un et trois de ce concerto sous les doigts d’Alexandre Tharaud épousent la légèreté et la vivacité de l’orchestre, sans aucun effet de virtuosité, mais laissant scintiller la brillance du style mozartien. Dans ce premier chef-d’œuvre du compositeur, les interprètes jubilent musicalement en soulignant l’écriture déjà élaborée de la partition et témoignent d’un dramatisme extrêmement poignant dans le second mouvement. Alexandre Tharaud aime mettre en relation certaines œuvres, ouvrant ainsi des correspondances internes ou externes. Souvenons-nous par exemple de l’un de ses premiers disques, celui des Suites de Rameau se clôturant par quelques pièces de Debussy. De même ici, le pianiste français a introduit autour du concerto Jeunehomme de Mozart le Rondo pour piano et orchestre K.386 du même compositeur, en y apportant ses propres cadences écrites à partir des thèmes des premier et deuxième mouvements du Jeunehomme, ainsi que le concerto Hob, XVIII : 11 de Haydn, en fin de disque, avec aussi ses cadences personnelles écrites cette fois-ci sur les thèmes du Rondo de Mozart. Une totale circulation est ainsi tissée entre chacune des œuvres, sans oublier l’air de concert K.505 de Mozart, chanté par la mezzo-soprano Joyce DiDonato, rappelant par ailleurs la vocalité de la ligne mélodique de l’Andantino (second mouvement) du concerto Jeunehomme. Le nouveau disque d’Alexandre Tharaud respire d’un bout à l’autre de cet esprit tout aussi pétillant et volubile que pathétique et dramatique. Les interprètes font preuve d’une vivace aisance dans ces répertoires mozartien et haydnien, donnant libre cours au naturel poétique par une simplicité de l’expression. De nombreux caractères se rencontrent tout au long de l’enregistrement, allant de la rêverie de l’adagio du concerto de Haydn à l’humour du rondo all’ungarese de cette même œuvre, comme aussi le sublime Andantino du concerto Jeunehomme regroupant l’écriture de l’arioso vocal et du récitatif  instrumental, dans une ambiance sombre et tragique, celle du Sturm und Drang. Un splendide enregistrement qui fera tout autant la réjouissance du mélomane que du musicien.
Marie-Sophie Mosnier

Son 10 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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