Prokofiev-Chostakovitch : duel au sommet

par

Serge PROKOFIEV (1891 - 1953)
Concerto pour violoncelle en mi mineur op. 58
Dimitri CHOSTAKOVITCH (1906 - 1975)
Concerto pour violoncelle n° 1 en mi majeur op. 107
Steven ISSERLIS (violoncelle), Frankfurt Radio Symphony Orchestra, dir. : Paavo JÄRVI
DDD–2015–65’ 20’’–Texte de présentation en anglais, français et allemand-Hyperion CDA68037

Tout réunit et tout oppose le Concerto pour violoncelle en mi mineur op. 58 de Serge Prokofiev et le Concerto pour violoncelle n° 1 op. 107 de Dimitri Chostakovitch. Ce qui les réunit, c’est qu’ils ont chacun été écrits par deux des plus grands compositeurs russes du XXe siècle, souvent associés dans les histoires de la musique, en raison notamment d’une certaine similarité de langage. Ce qui les oppose, en revanche, c’est que ces deux œuvres n’ont pas du tout connu le même destin. Autant, en effet, le Concerto pour violoncelle du premier est très peu joué (sa création par Lev Berezovski à Leningrad, en 1938, a été un cuisant échec), autant le Concerto pour violoncelle n° 1 du second, composé en 1959 pour Mstislav Rostropovitch, fait aujourd’hui partie intégrante du répertoire et constitue même une des pièces concertantes modernes les plus enregistrées sur disque et les plus interprétées par les violoncellistes dans les salles de concert. Avec le sien, Serge Prokofiev donne l’impression d’avoir voulu s’atteler à un exercice de style, en particulier dans le troisième et dernier mouvement qui, à lui seul, comprend sept parties – sept variations assez complexes, dont un coda final prokofievien à souhait. Le Concerto n° 1 de Dimitri Chostakovitch, lui, n’arrête pas de séduire. Avec son allegretto si cadencé, son moderato si poignant, sa cadenza si subtile et son allegro con moto si turbulent, il fait toujours le bonheur de ses nombreux interprètes, en l’occurrence le Britannique Steven Isserlis excellent d’un bout à l’autre, soutenu sans la moindre faille par l’Orchestre symphonique de la radio de Francfort sous la direction d’un Paavo Järvi irréprochable. Un fort beau disque.
Jean-Baptiste Baronian

Son 9 - Livret 7 - Répertoire 9 - Interprétation 9

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