Quand Hindemith est dirigé par Dietrich Fischer-Dieskau

par

Paul HINDEMITH
(1895 - 1963)
Der Dämon, ballet-pantomime en deux tableaux op. 38 - Hérodiade, récitation orchestrale - Kammermusik nr. 1 op. 24/1 et Kammermusik nr. 2 op. 36/1
Florian HENSCHEL (piano), Gisela ZACH-WESTPHAL (récitante), Ensemble VARIANTI dir.: Dietrich FISCHER-DIESKAU
2016 - live - 54' 57'' et 36' 56'' - notice en anglais et en allemand - récité en allemand - texte non inclus - Hänssler Classic  HC16014
C'était le 18 mai 1995, au château de Schwetzingen. Dietrich Fischer-Dieskau y dirigeait un beau programme Hindemith dont voici l'enregistrement. Comme David Oïstrakh ou Placido Domingo, le célèbre baryton allemand   s'est mué en chef d'orchestre à la fin de sa carrière. Et le résultat, ici, est excellent. Celui qui fut un grand Mathis der Maler (enregistrement EMI 1979) ne pouvait que bien ressentir la musique d'Hindemith, même si les oeuvres choisies ne sont pas toutes d'accès facile. Der Dämon, par exemple, ballet composé en 1922, en pleine époque de la "Nouvelle Objectivité". Le Démon n'est pas ici la créature infernale de Faust, ni celle, dramatique, de Rubinstein. C'est un pauvre diable qui séduit deux soeurs et puis s'en va, sans choisir. La partition est écrite à la pointe sèche,  faisant de temps en temps intervenir le piano (danse de l'orchidée), souvent grotesque - on n'est pas loin des Six - pour culminer par un finale douloureux et inquiétant. Autre page austère, la "récitation orchestrale" sur le texte de l'Hérodiade de Mallarmé (1944). Pas d'Hérode ni de Salomé dans ce long duo symboliste entre la princesse et une nourrice. Gisela Zoch-Westphal hésite entre la narration pure ou le sprechgesang et, curieusement, cette alternance stimule l'intérêt pour une page relevant d'un genre - le mélodrame - qui pourrait paraître aride. Hindemith réserve l'orchestre complet à Hérodiade, la nourrice n'étant accompagnée qu'aux cordes. Sa partition, une fois acceptée la forme un peu hybride, surprend à chaque instant. Les deux Kammermusiken sont à écouter comme des intermèdes joyeux entre les "gros morceaux" qui précèdent. Ecrites respectivement en 1921 et 1924, elles témoignent de la facilité et de la richesse d'inspiration que possédait le jeune Hindemith de ces années folles. La première, sans instrument soliste, est brillantissime, un peu stravinskienne, et se termine par un ululement de sirène. La seconde, un concerto pour piano, enchaîne toccata, potpourri (qui passe comme un éclair !) et un finale virtuose en diable. Fischer-Dieskau mène tout son monde avec entrain, et convainc sans problème, même dans les oeuvres les plus sévères.
Bruno Peeters

Son 9 - Livret 10 - Répertoire 9 - Interprétation 9

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