Ravissement rare

par

SULLA LIRA
The Voice of Orpheus
Maria Chrisrina KIEHR, soprano
Giovanni CANTARINI, ténor
Oœuvres vocales de DEMOFONTE, TROMBONCINO, RAZZI, DAMMONIS, FOGLIANO, della VIOLA, CORTECCIA, D'INDIA, SARACINI, STRIGIO, CACCINI, ARCADELT
Ensemble LE MIROIR DE MUSIQUE
2015-DDD- 65'06- présentation en français, anglais et allemand-textes en italien, français, anglais, allemand-chanté en italien et français -RICERCAR- RIC 354
Précédé d'un émouvant tableau représentant Homère jouant du lirone signé de Francesco Mola (1612-66), ce récital « L'Arte della recitazione » se révèle de toute beauté. La voix, précise Politien en 1488, doit être émise « ni comme celle de quelqu'un qui lit, ni comme celle de quelqu'un qui chante, mais plutôt comme si l'on entendait les deux en même temps sans pouvoir les discerner... toujours pure, toujours claire, toujours douce ». Appuyée sur de très beaux poèmes du XVIème siècle italien et, pour trois d'entre eux, du XVIIème commençant, cette musique permet de retrouver avec délectation ces merveilleux mots fleurant bon leur temps, « la verde couleur », « le gentil Adonis estendu sur la roussée » (Arcadelt) ou bien, en italien, le « Udite, selve, mio dolce parole/ poi che la ninfa mia udir non vole » (Anonyme XVI ème siècle). Tout un monde délicat de simplicité aimable, de pudeur, de vibrations lyriques, esthétiques, musicales revit par la voix de chanteurs pleinement engagés et trois valeureux instrumentistes entourant chaque texte d'un halo poétique, d'harmonies chaleureuses, d'accents limpides dans une rhétorique parfaitement ajustée aux inflexions expressives. Au plaisir littéraire se joint le charme des instruments anciens, lirone et viole de gambe de Brigitte Gasser, lira da braccio et violon renaissance de Baptiste Romain et les admirables luth renaissance et citarrone de Julian Behr. La mélancolie qui nimbe cette musique convient parfaitement aux chanteurs Maria Christina Kiehr (soprano) et Giovanni Cantarini (ténor) pleins de tact, d'élégance et d'élan. La prise de son aurait gagné à donner un peu plus de rondeur à leur timbre. Ce répertoire rare est également servi par un programme bien construit. Il se conclut par la fraîche et ravissante « Déploration de Vénus sur la mort d'Adonis » due à Jacques Arcadelt qui réunit soprano, ténor, lute, lirone et violon renaissance.
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 9 - Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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