"RCO meets Brussels", ou le Concertgebouw accueille de jeunes musiciens

par
Gatti

Dans le cadre de sa tournée RCO meets Europa qui l’amènera à visiter les 28 États membres de l’Union européenne en l’espace de deux saisons, le prestigieux orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam s’arrêtait ce soir à Bozar (Bruxelles), dirigé par son nouveau directeur musical Daniele Gatti.
Via le projet Side by side, l’orchestre néerlandais intègre, dans tous les concerts de cette tournée, une œuvre d’ouverture qu’il interprète en collaboration avec de jeunes musiciens du pays visité. C’est ainsi qu’une quarantaine de jeunes talents des Conservatoires de Bruxelles et de Luxembourg sont venus s’ajouter aux musiciens du Concertgebouworkest pour jouer ensemble l’Ouverture de Die Meistersinger von Nürnberg de Richard Wagner. A cette fin, ces étudiants ont eu l’honneur de passer presque deux heures de répétition avec Daniele Gatti et ses musiciens avant le concert. Une chance inouïe pour eux de pouvoir s’intégrer, le temps d’une ouverture, à l’un des meilleurs orchestres du monde. Ensuite, la phalange néerlandaise proposait un programme centré sur les limites de la tonalité. Selon Daniele Gatti lui-même, « une ligne ininterrompue court de Richard Wagner à Gustav Mahler et Alban Berg, et au-delà. ». Ainsi, après l’ouverture, nous avons pu entendre quelques extraits du Götterdämmerung du même compositeur : Morgendämmerung, Siegfrieds Rheinfahrt, Siegfrieds Tod und Trauermarsch. Nous y retrouvons toute l’intensité dramatique propre à Wagner, très bien rendue par l’orchestre qui paraît en totale osmose avec Daniele Gatti, immense musicien qui aura dirigé toute la soirée de mémoire. On sent un travail musical très abouti de la part des instrumentistes qui prennent des risques au service de la musique, notamment au niveau des nuances : à cet égard, les pianissimi des cuivres en furent le plus bel exemple. Après la pause, le Concertgebouworkest interprétait deux grandes œuvres du répertoire symphonique. Tout d’abord, le dernier opus de Gustav Mahler, l’Adagio de la Dixième symphonie que le compositeur ne put achever avant son décès. Ce mouvement, dont l’édition d’Erwin Ratz fut préférée pour ce concert, est chargé d’émotion : le compositeur venait d’apprendre les infidélités de sa femme Alma Mahler et il n’a cessé d’affirmer son amour pour elle dans toutes les esquisses qu’il réalisa pour cette dernière symphonie. Et si le langage musical de Mahler flirte déjà avec le modernisme, cette musique n’en est pas moins toujours aussi romantique et dramatique, ces sentiments étant une fois encore bien mis en valeur par l’orchestre néerlandais. Enfin, capacité maximale pour la scène de la salle Henry Le Bœuf pour sortir véritablement de la tonalité avec la dernière œuvre au programme de cette soirée, les Drei Stücke, opus 6 d’Alban Berg. Le compositeur, l’un des trois de la Seconde École de Vienne, y tente de concilier le dodécaphonisme avec l’influence du répertoire symphonique romantique (comme celui de Mahler par exemple) et c’est dans cette optique qu’il composa ces trois pièces. Cette œuvre, un peu plus technique, ne diminua en rien la qualité de la prestation du Koninkljk Concertgebouworkest d’Amsterdam qui, à l’image du reste du programme, put rendre l’écoute claire et passionnante. Standing ovation amplement méritée pour cet orchestre qui est bel et bien l’un des plus cotés de la planète.
Guillaume Knop, Reporter de l’IMEP
Bruxelles, Bozar, le 23 octobre 2016

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